Avec le plébiscite du nouvel hôtel judiciaire et l’assurance que la nouvelle planification hospitalière commencera par la construction d’un centre de traitement et de réadaptation à La Chaux-de-Fonds, le Haut devrait pouvoir mieux vivre. Le déséquilibre entre nos deux pôles urbains ne s’est pas accentué au Grand Conseil et il semble que nous soyons entrés dans un espace un peu plus rationnel qu’il y a deux ans.
Nous l’avions écrit nous « marquerons à la culotte HNe et le Conseil d’Etat tant que dans le débat que nous voudrions rationnel ils brouilleront les cartes, seront arrogants ou dogmatiques. » Et ils n’ont pas manqué de l’être, dans un chaos communicationnel considérable. Souvenons-nous du mépris du monde politique de Mme de vos Bolay, de son arrogance dogmatique, de son dénigrement de l’Hôpital du Jura bernois; rappelons les attaques du directeur médical Bernard Vermeulen contre les gens du Haut et le manque d’empathie presque jésuite de Laurent Kurth.
Le débat fleuve de ces deux jours de Grand Conseil indique que nous sommes cette fois engagés, par la bonne tenue des débats politiques, dans un espace plus rationnel qui permet de bien poser les enjeux. Les adversaires de la centralisation des soins aigus ont même pu mettre un peu de l’eau dans leur vin quand ils ont vu l’adoption d’une série d’amendements et de garanties que nous résumerons ici.
Le 12 février, nous voterons sur deux projets aux logiques opposées, mais avec chacun leur cohérence propre. Je refuse de considérer par principe le projet voté par le Grand Conseil comme absurde et irréalisable même si je reste plutôt favorable à moins de centralisation.
D’un côté donc, deux hôpitaux régionaux de soins aigus, avec la possibilité dans chacun de naître, d’être transporté en urgence, d’être sauvé dans des salles de soins intensifs et d’être opéré avec anesthésie complète.
De l’autre un seul hôpital de ce type à Neuchâtel et un nouvel centre de soins à La Chaux-de-Fonds, un grand CTR (Centre de traitement et de réadaptation) où les patients opérés à Neuchâtel viendront se remettre. Il comprendra des soins gériatriques, neuro-AVC et locomoteurs. Ce sera aussi une polyclinique avec, éléments importants votés aujourd’hui en amendement, l’obligation de comporter des prestations pédiatriques et d’offrir des prestations de chirurgie sur rendez-vous ou ambulatoire.
Ce CTR, peut-être placé au Crêt-du-Locle, coûtera 160 millions et l’agrandissement de Pourtalès 70 millions. Ce n’est pas le canton qui investira ces 240 millions mais HNe. Ce matin a été voté – par 96 voix contre seulement 8 – un arrêté stipulant que « l’Etat cautionne Hne dans son emprunt à hauteur de 240 millions » (Arc-Info). De plus, un amendement du parti socialiste a été accepté sans être combattu, demandant qu’on commence par débloquer les fonds pour construire le CTR à La Chaux-de-Fonds.
Cette garantie essentielle évite que seul l’argent soit investi pour agrandir Pourtalès et même Théo Bregnard, le député popiste et le plus fervent partisan de deux sites de soins aigus, a déclaré que la « priorité, c’est de redonner confiance« . Selon L’Impartial, » il a fini par admettre la votation du décret permettant le cautionnement de 240 millions de francs à investir: «Si nous voulons que le CTR ne soit pas une chimère (…) c’est la moins mauvaise solution», a-t-il déclaré. »
Confiance perdue par tant de démantèlements et tant de promesses non tenues (départ de la maternité, non respect du vote précédent sur les deux sites). Confiance qu’on peut légèrement retrouver aujourd’hui : j’assume ma possible naïveté ! Ce n’est sûrement pas encore une victoire pour le Haut mais la défaite aurait été qu’il n’y ait pas obligation de commencer par le CTR. Le 12 février 2017, nous aurons la garantie d’avoir quelque chose qui maintienne des emplois en nombre dans le Haut, même si, pour les emplois très qualifiés (médecins spécialistes, anesthésistes et infirmiers spécialisés), le maintien d’un site aigu dans le Haut est plus attractif.
Le débat démocratique pour le 12 février va commencer et il n’est pas sûr que l’initiative pour les deux sites de soins aigus ne recueille que des partisans dans le Haut. Ce qui est sûr, c’est que le Bas n’aura pas tout ! Cela n’était pas acquis avant le vote d’aujourd’hui.
Comme n’était pas acquis hier après-midi le vote très net par 97 contre 14 pour la construction d’un nouvel hôtel judiciaire à côté de la gare de La Chaux-de-Fonds. La netteté du vote, l’unanimité de tous les partis et la faiblesse de la résistance corporatiste de certains avocats du Bas nous laissent optimistes sur les résultats d’un probable vote populaire sur l’objet en question. Surtout qu’on pourrait voter le même jour !
Que voilà un ton constructif! Il est temps que la quérulence – même légitime – laisse la place à la raison et au débat. La quérulence n’était finalement que la réponse à l’arrogance. Peut-être peut-on garder sous le boisseau le projet de rachat par Patrimonium. Il pourrait être une solution pour rétablir les prestations perdues dans un cadre géographique plus vaste et offrir une reconversion crédible aux bâtiments hospitaliers actuels. Il ne s’agit pas ici de rêver…