Courons voir « L’État de siège » de Camus au lycée du 2 au 5 juin


Le groupe Théâtre du lycée Blaise-Cendrars joue du 2 au 5 juin une pièce d’Albert Camus, L’État de siège, créée au 1948 et aux résonances actuelles. Courons la voir pour soutenir toute la belle équipe qui va nous faire réfléchir au Covid notamment ! Une belle équipe d’étudiant·e·s et d’enseignant·e·s qui n’ont pas eu la vie facile comme chacun·e d’entre nous pendant ces deux dernières années.

Dédiée à Jean-Louis Barrault, cette pièce (lisible en ligne) est le fruit d’une étroite collaboration entre Camus et le metteur en scène, bien que ce soit Camus qui ait écrit le texte. Écrite au lendemain de de la Seconde Guerre Mondiale elle dénonce le fonctionnement des régimes totalitaires en démontant le mécanisme de soumission de la peur. Camus pense à la dictature d’Hitler mais surtout à celle de Franco qui ne prendra fin qu’en 1975. En effet, la pièce se passe en Andalousie, à Cadix, une ville qui m’est chère et ci-dessous représentée un jour d’orage en avril 2019. 

« L’état de siège est proclamé », ainsi parle le tyran surgi d’on ne sait où, qui vient prendre le pouvoir dans cette ville tranquille, morte, soumise à un Gouverneur dont le désir est qu’il ne se passe rien. Cet opportuniste se nomme la Peste. Il est accompagné de sa secrétaire, la Mort. On ferme les portes de la ville, et désormais tout y est régi par l’arbitraire, l’absurde et la peur : suspension de toutes les libertés, réglementations oppressives et contradictoires ; la Peste contamine les sujets au hasard. Ce chaos fait la joie de Nada, le nihiliste, mais un étudiant, Diego, se révolte et organise la résistance. La révolte se propage, le pouvoir de la peste commence par reculer. Mais voici que, sur une civière, on apporte à Diego Victoria, sa fiancée. La Peste propose à Diego de laisser vivre Victoria pourvu qu’il relance à la lutte et quitte la ville. Diego refuse et meurt, mais sa mort ressuscite Victoria et libère Cadix.

résumé tiré de Wikipédia et du Dictionnaire des oeuvres Laffont-Bompiani

C’est une fable politique. Camus fait le récit alarmant d’une ville qui sombre dans la dictature : aidé de sa secrétaire (la Mort) et de sbires recrutés sur place (un fonctionnaire servile, un nihiliste accompli, un juge corrompu), la Peste fait régner la terreur : suspension de toutes les libertés, réglementations oppressives et contradictoires, la Peste contamine les sujets au hasard. Au sein de la population, un couple de jeunes amoureux, que leur amour inspire et soutient, choisit de se révolter.

Le discours de Camus est universel. Il veut avant tout prévenir contre un éventuel retour de ce type de régime. Il aborde ainsi les thèmes de la résistance, de la révolte et de la liberté, comme garde-fou contre la manipulation, la résignation, la soumission, la passivité… Repousser ce danger suppose des concessions politiques, sociales, ou même privées.

Dans cette ère des totalitarismes qui menace la nôtre, une époque de tyrannies politiques, économiques, religieuses (et pour certains même sanitaires), le théâtre de Camus sonne et résonne en cette année 2022.

Après deux ans de confinements ou de restrictions, le Covid a laissé beaucoup d’élèves dans le désarroi ou l’incertitude. Il faut saluer leur courage et leur détermination pour jouer sous la direction de Bernt Frenkel cette pièce parfois datée dans son allégorisme un peu lourd mais essentielle encore aujourd’hui, presque 75 ans après sa création dans des décors de Balthus et avec Jean-Louis Barrault dans le rôle de Diego et Maria Casarès dans celui de Victoria.

Courons la voir au lycée

les jeudi, vendredi et samedi 2, 3 et 4 juin à 20 h 00 et dimanche 5 à 17 h 00.

Réservations en ligne ici .

Quelques extraits significatifs qui donnent envie de voir cette mise en scène.

Pourquoi faire ? Comment vous passeriez-vous d’un certificat d’existence pour vivre ?

Jusqu’ici nous avions très bien vécu sans ça.

Pourquoi faire ? Comment vous passeriez-vous d’un certificat d’existence pour vivre ? C’est que vous n’étiez pas gouvernés. Tandis que vous l’êtes maintenant. Et le grand principe de notre gouvernement est justement qu’on a toujours besoin d’un certificat. On peut se passer de pain et de femme, mais une attestation en règle, et qui certifie n’importe quoi, voilà ce dont on ne saurait se priver ! (…)

 Vous avez cru que tout pouvait se mettre en chiffres et en formules ! Mais dans votre belle nomenclature, vous avez oublié la rose sauvage, les signes du ciel, les visages d’été, la grande voix de la mer, les instants du déchirement et la colère des hommes ! (Elle rit.) Ne riez pas. Ne riez pas, imbécile. Vous êtes perdus, je vous le dis. Au sein de vos plus apparentes victoires, vous voilà déjà vaincus, parce qu’il y a dans l’homme -regardez-moi- une force que vous ne réduirez pas, ignorante et victorieuse à tout jamais. C’est cette force qui va se lever et vous saurez alors que votre gloire était fumée. (…)

De plus loin que je me souvienne, il a toujours suffi qu’un homme surmonte sa peur et se révolte pour que leur machine commence à grincer. Je ne dis pas qu’elle s’arrête, il s’en faut. Mais enfin, elle grince, et, quelquefois, elle finit vraiment par se gripper.

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