A l’extrémité sud-ouest de l’Espagne, et tout proche de Jerez où j’habite pour un mois, la baie de Cadix est un ancien marais salant aujourd’hui réserve naturelle. La ville de sel et de lumière y apparaît au loin, avec le grand pont qui la relie directement au continent depuis 2015.
Cadix est une ville unique en Europe, au bout d’une presqu’île et d’une baie largement transformée en un parc naturel. Au nord de San Fernando (point marqué en rouge) a été prise cette photo-paysage mise en avant de cet article.
Cadix, de « saline clarté » comme l’a décrite Manuel Machado dans un poème dédié aux grandes villes d’Andalousie, est une ville spirituelle et libre. Il y fut proclamée la première constitution espagnole libérale en 1812, il y règne aujourd’hui une maire d’extrême gauche, libertaire et féministe. Son carnaval est le plus important d’Europe.
Cadiz, salida claridad. Granada,
agua oculta que llora.
Romana y mora, Cordoba callada.
Malaga, cantaora.
Almeria, dorada.
plateado, Jaen. Huelva, la orilla
de las tres carabelas.
Y Sevilla.
Cadix, clarté saline. Grenade,
eau cachée qui pleure.
Romaine et maure, Cordoue qui se tait.
Malaga, chanteuse.
Almeria, dorée.
Argentée, Jaen. Huelva, la rive
des trois caravelles.
Et Séville.
Ce paysage n’est ni spectaculaire ni mémorable. Il rappelle aux amoureux de la ville blanche de lumière son lien avec la mer et le sel. Ici, tout est plat et seules les deux grandes arches du 3e plus long pont d’Europe échancrent l’infini.
Il est ainsi original de voir les lieux connus à l’envers de leur perception habituelle : Manhattan de Jersey City, les Alpes vues d’Aoste et, pour nous ce jour de mars, Cadix du côté sud de la baie.
Mille tableaux 