Lors du dernier Conseil général de La Chaux-de-Fonds auquel j’ai assisté jeudi 23 mai 2019, les tensions entre la ville et le ministre de la santé Laurent Kurth se sont à nouveau exacerbées. Il s’agit, pour toutes les parties, d’éviter de mettre le feu à la nouvelle maison patiemment construite.
Le torchon semble brûler sur la constitution du nouveau Conseil d’administration du futur réseau hospitalier neuchâtelois (RHNe) accepté par le parlement en février. La loi définit ainsi ce Conseil.

Actuellement, les quatre membres du Conseil de la structure actuelle (HNe) sont : Mme Pauline de Vos Bolay, présidente, M. Blaise Guinchard, vice-président, MM. Marc Giovannini et Andreas Tobler, membres.
Les frictions, qui je l’espère ne conduiront pas à un nouveau crash, portent sur deux points très sensibles pour les éluEs chaux-de-fonniers-Ères : le choix du membre proposé par la Ville et la présence possible d’unE ou plusieurs ancienNEs membres de l’ancien Conseil dans le nouveau.
Laurent Kurth, le ministre de la Santé, n’a pas été très adroit lors du dernier Grand Conseil lorsqu’il a laissé entendre (ou dit, il faudra attendre le PV) que le membre proposé par La Chaux-de-Fonds n’était pas à la hauteur, comme l’écrit Arcinfo.


De mon point de vue il ne peut être pensable qu’elle soit membre de ce nouveau Conseil sans des garanties : elle ne doit en aucun cas le présider, ce conseil doit être d’au moins sept membres afin, éventuellement, de l’accuellir comme consultante technique, et surtout elle doit faire allégeance publique au nouveau projet. Un peu comme Theresa May a promis aux Anglais d’appliquer le Brexit voulu par le peuple, sans coup tordu, mais avec probablement le dépit de devoir mettre en oeuvre ce qu’elle ne soutenait pas du tout. Il est d’ailleurs frappant de voir que ces deux femmes ont plus d’une ressemblance…
Le bât blesse énormément ces jours-ci et Laurent Kurth aurait avantage à y réfléchir à deux fois avant de se lancer dans des déclarations considérées comme méprisantes.
De ce fait, le Conseil général de La Chaux-de-Fonds s’est déroulé jeudi 23 mai sous très haute tension.
Le conseiller général Christophe Ummel (PLR), au nom de tous les partis, a interpellé le Conseil communal sur la composition du futur Conseil d’administration de la nouvelle structure hospitalière cantonale. Une « mauvaise impression générale » a été ressentie par tous les groupes à la suite du dernier Grand Conseil, a-t-il déclaré en préambule.
(…) Au début de ce mois, l’Exécutif cantonal a publié, par communiqué de presse, son intention de constituer le Conseil d’administration du futur réseau de santé cantonal, assorti d’un calendrier.Cependant les déclarations de M. Kurth, tant dans la presse qu’au Grand Conseil, sont constamment empreintes de sous-entendus négatifs, de mises en garde alarmistes et de propos défaitistes qui laissent planer un doute sérieux quant aux intentions réelles du gouvernement et de l’institution hospitalière actuelle, d’aller franchement de l’avant.
Il ressort des propos du Ministre de la santé, qu’il rencontre des difficultés avec les villes. Puis il a parlé d’enlisement, laissant croire que celles-ci en étaient les seules responsables. M. Kurth a ensuite insinué que les personnes que la Ville a proposées, ont été récusées par le Conseil d’État pour diverses « bonnes » raisons.
Nous n’avons aucun doute sur la pertinence du choix du Conseil communal. Dès lors, nous lui demandons de nous faire part de son analyse vis-à-vis de ce refus qui inquiète les signataires et de nous confirmer son intention de persister, quitte à imposer au Conseil d’Administration du RHNE, les personnalités compétentes qu’il a choisies. Celles-là même qui défendront, dans l‘esprit de l’initiative et de la loi issue des travaux de la Commission Santé, les intérêts du site des Montagnes.
En outre, des garanties ont été données aux initiants, quand ils ont accepté un Conseil d’administration unique, qu’il serait paritaire quant aux intérêts respectifs du Littoral et des Montagnes. Merci donc de nous expliquer quelles actions votre Autorité peut entreprendre ces prochains jours afin que ce dossier avance rapidement, il en va de l’image de la Ville et du Canton, de la sécurité de leurs habitants et du maintien de centaines d’emplois.
Katia Babey, présidente du Conseil communal, estime que celui-ci a toujours fait preuve de fermeté et d’engagement pour faire respecter la volonté populaire. Il n’a aucune doute sur la pertinence du choix des candidats qu’il a proposés. Si, il y a un mois, il avait l’espoir de voir ses propositions considérées avec respect, aujourd’hui, après la dernière session du Grand Conseil et les propos en plenum de Laurent Kurth, son espoir s’est évanoui. Il est d’ailleurs surprenant que l’un des deux candidats proposés ait été formellement suggéré par le Consei d’Etat lui-même. Le Conseil communal est donc, tant sur la forme que sur le fond, dans l’incompréhension. Il veut des garanties pour que les deux personnalités engagées et compétentes qu’il a proposées puissent siéger dans le sens de l’initiative acceptée par le peuple. Et surtout des garanties sur le fait qu’aucun des membres du Conseil d’administration actuel ne soit reconduit.
Dans la suite du débat ouvert après cette interpellation, le rôle futur de Madame Pauline de Vos Bolay, a été discuté. Pour le socialiste Patrick Jobin, il n’est pas question de confier la mise en oeuvre de l’iniative et de la loi qui l’accompagne à des personnes qui se sont opposées à cette initiative. Le popiste Nathan Erard a lancé des menaces au Conseil d’Etat, appelant à la réaction populaire si nécessaire; il faut évincer les membres actuels du Conseil d’administration pour la constitution du nouveau Conseil de RHNe. L’UDC Marc Schafroth a été très dur à l’égard de Madame de Vos « qui n’a rien démontré de bon » dans son mandat. Elle a été qualifiée de « complice » du Conseil d’Etat qui a déjà bafoué deux fois la volonté populaire en faisant annuler les résultats de deux votations. « Le Conseiller d’Etat n’a plus de vision objective et est absolument nuisible« , a conclu l’élu UDC. Si ces dernières paroles sont inutilement très violentes, elle n’ont pourtant été discutées par personne. Cette impression du « qui ne dit mot consent » n’est selon moi pas un atout dans la partie de poker qui risque à nouveau de s’engager entre le Canton et La Chaux-de-Fonds. C’est maintenant le rôle des députés au Grand Conseil de reprendre la main !