Londres est une ville extraordinaire pour la randonnée urbaine. Espaces verts de toutes sortes, rivières et canaux noyautent l’espace urbain, où qu’on soit. C’est l’occasion de découvrir, dans le borough de Haringey, le quartier de Tottenham, maintenant célèbre pour abriter le plus beau stade du monde.
Cette balade de 15 kilomètres que je vous propose commence dans le quartier turc de Harringay Green Lanes, devant le restaurant Anterpiler dont un prochain article parlera. Elle traverse plusieurs parcs, passe par le musée du quartier près du stade et se termine le long du canal de la Lea au noeud ferroviaire de Tottenham Hale.
Elle est une forme de safari urbain où le chasseur à l’affût traque l’insolite, l’incongru, l’intime ou le surprenant. Les lieux sont les animaux sauvages dans ce type de quartier inconnu des touristes, où l’on se guidera avec son smartphone, sans forcément passer par un itinéraire défini par avance. C’est la beauté des espaces urbains quotidiens d’une métropole.
Le lieu de départ est atteignable par métro (station Manor House sur la Piccadily Line), par Overground (station Harringay Green Lanes), par train (station Harringay en partant de la gare de Moorgate) ou par bus (29 de Trafalgar Square, 141 de London Bridge, 341 de Waterloo).

On commence par longer une rue menant vers une cheminée au centre d’un espace clôturé. C’est une ancienne usine convertie en grand et discret hôpital psychiatrique. On traverse Chesnuts Park puis Downhills Park et on arrive à Lordship Recreation Ground, un espace vert, entre un parc et un morceau de campagne.

Les jeunes cyclistes y apprennent à circuler à travers de mini-routes qui arborent des petits panneaux de signalisation.

Au centre du parc, un café-coopérative alternatif, The Hub, anime la vie du quartier.

Plus avant, on traverse la Moselle, une petite rivière qui rejoint plus loin la River Lea.

Nous voici arrivés dans le dernier parc, celui du Bruce Castle, un château du seizième siècle reconverti en musée d’histoire de Tottenham depuis 1969.
La vie de ce quartier populaire y est évoquée à travers diverses vitrines (loisirs, travail, transport, santé, guerre, économie locale, sport). Par exemple, dans celle du football, deux badges évoquent une finale de Coupe d’Angleterre entre Tottenham et Sheffield en 1901.

Une autre salle met en avant les grands inventeurs nés dans le quartier dont un certain Rowland Hill qui introduisit les timbres-postes. Une autre rend hommage aux femmes célèbres du borough, dont les premières suffragettes du XIXe siècle; une dernière, émouvante, aux premiers Noirs affranchis du quartier, dès le XVIIIe siècle. Haringey est bien un vrai arrondissement de gauche, à mille lieux de Kensington et ses lords.

Nous ne sommes qu’à quelques centaines de mètres du stade, dans un périmètre urbain populaire et attachant.
Un stand de hot-dogs avant le match
Le grand stade a fait l’objet d’un précédent article et je n’y reviens pas. Par contre, il faut s’arrêter boire une pinte au No 8, le pub des supporters des Spurs sur High Road à côté de la nouvelle enceinte. Profitons-en car je crains une future démolition de ce côté sud avec la construction de nouvelles tours d’habitation.
La cour du pub La façade du pub sur High Road
Par Park Lane, au sud, nous rejoignons la gare de Northumberland Park et entrons dans la réserve naturelle des Tottenham Marshes, des zones humides avec une riche flore et des oiseaux nicheurs.
C’est un changement absolu à un mile de la modernité la plus éclatante du XXIe siècle. Un stade hypertechnologique et luxueux à côté d’une petite rivière, de péniches et d’écluses nous rappelant des images à la Jean Vigo où Michel Simon pourrait surgir d’une cabine …
La randonnée sans un seul mètre de dénivelé se termine à Tottenham Hale où je conseille de prendre le bus 41 jusqu’à Archway, en s’installant sur le top deck : la variété du monde en multicolore ! Ou alors, en quinze minutes par la Victoria Line, vous êtes devant le Ritz à Green Park !

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