Des milliers de touristes se ruent chaque jour à Pompei et négligent d’autres sites archéologiques autour de Naples. Baia, à l’extrêmité nord-ouest du golfe, fut la plus grande station thermale de l’Antiquité. La coupole de son frigidarium est, un siècle avant le Panthéon, un magistral tour de force architectural.
Le poète Horace disait de Baia que c’était le lieu le plus agréable du monde : « Nullus in orbe sinus Baiis praelucet amoenis » (littéralement : « il ne resplendit dans le monde aucun lieu aussi agréable que Baia« ).
Et c’est vrai, même aujourd’hui où le site se présente accolé contre une colline donnant sur le nord-est. Les ruines des grandes villas patriciennes et de leurs thermes descendent vers la mer; le port moderne fait face au Vésuve à gauche, à la ville de Pouzzoles et au cap Pausilippe au milieu de l’image; au fond, la péninsule sorrentine est coupée par le château moyenâgeux de Baia. Au bas de l’image à droite, la fameuse coupole d’un frigidarium. Lieu ensoleillé le matin et à l’ombre dès le mileu de l’après-midi en été. Lieu qui, plus que Pompei, nous fait imaginer sans peine les plaisirs d’il y a plus de deux mille ans.
Locus amoenis : la beauté du panorama et les sources d’eau chaude et sulfureuse provenant du sol volcanique ont attiré la noblesse ronaine dès le IIe siècle avant J.-C.. Celle-ci aime passer ses loisirs (otia) dans ses villas au bord du petit golfe qui s’ouvre dans la baie de Naples.
Au début de l’empire romain dès le 1er siècle avant J.-C., Baia devient la résidence de la famille impériale et dans les trois siècles suivants des thermes s’y construisent qui seront des modèles d’architecture pour les Romains. Ils seront les plus imposants de l’Antiquité.
Je ne suis pas un amateur de ruines mais je suis resté soufflé devant et dans le frigidarium d’un des thermes. C’est un espace sous une coupole avec un oculus s’ouvrant vers le ciel.
On s’y baignait dans de l’eau froide avec des effets d’écho tels qu’on surnomma cette construction profane « Le Temple de l’Echo ».
Un siècle avant le Panthéon à Rome, des bâtisseurs géniaux et anonymes avaient construit une coupole parfaite.
La Campanie constitue donc bien, inlassablement quand on la découvre dans ses paysages, ses constructions architecturales, son climat, ses produits et ses gens, les racines encore vivantes de nos plaisirs contemporains : plaisirs des paysages et des saisons tempérées, des saveurs et des odeurs, et … même des soins du corps. Plaisir aussi et surtout de l’amabilité. Campania felix ! Ce que nous aimons donc chez nous vient bien de là-bas…
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