« Suitcase suite » de Louis Jucker : les trois disques, avec Marie, Prune, Sophie et les autres


Avec le Nouvel ensemble contemporain, Louis Jucker a créé Suitcase suite, un projet musical qui s’est décliné en deux concerts au Temple Allemand de La Chaux-de-Fonds et en la production d’un coffret de trois vinyles. C’est ce magnifique objet musical, graphique et visuel que nous adorons : produit par le label chaux-de-fonnier Hummus Records, son habillage a été réalisé par des camarades de lycée de Louis : Sophie Gagnebin, Marie Rebmann et Prune Simon-Vermot. Des personnes magnifiquement inventives, modestes et rigoureuses, proches et chaleureuses. C’est l’incarnation même de The Tchaux Touch, l’esprit de notre ville dans son meilleur.

Tous les morceaux ont été joués et enregistrés avec des instruments maison conçus dans des valises capables, avec jeu et manipulation des musiciens, de créer des effets sonores, de traiter les sons et de les distordre.

Les valises sonores de Louis Jucker sur la scène du Temple Allemand

Prune Simon-Vermot a photographié chacune de ces onze valises dont la fiche technique se trouve dans le coffret des trois disques.

Ainsi la valise des cloches contient des vieux hauts-parleurs sur lesquels on joue avec des baguettes de percussion pour produire des sons mixés de basse fréquence et rythmés, se faisant écho par compression avec une pédale – si j’ai bien compris !

Les autres valises sont celles de : la guitare électrique, du printemps, des boutons de hauteur du volume, de l’harmonium (avec un petit harmonium de 34 touches), de la machine à écrire électrique, des vagues, de la harpe, du métallophone (un sorte de petit xylophone à 11 touches), de la basse et du dub (remixage).

Chacune des sept chansons du récital de Louis Jucker, accompagné par les cinq musicien.ne.s du Nouvel ensemble contemporain, utilise plusieurs valises sonores.

Le premier disque du coffret contient les sept chansons jouées en public, le deuxième des morceaux composés et joués par le NEC. Le troisième est le résultat de sessions d’enregistrements avec neuf musiciens suisses amis de Jucker et qui jouent sur ses valises-instruments.

Le coffret au prix de cent francs est un bonheur quand on l’ouvre. La pochette plastifiée (silk-screen printing) est l’oeuvre de Sophie Gagnebin.

Ce qu’on appelait à l’époque « pochette » est devenu un raffiné emballage en papier cartonné marbré d’une précieuse qualité artisanale.

C’est Maryline Auderset et Julien Bernard, de Pringy, qui réalisent à la main chacune de ces « pochettes », selon une technique expliquée dans le document visuel servant de présentation des disques. Magique !

Finalement, et non des moindres, le grand « livret » au format des disques est un document d’une vingtaine de pages, la bible des chansons et du projet, avec des adjonctions de courriels entre les différents concepteurs. On feuillette avec admiration et joie ce document conçu et mis en page par Marie Rebmann.

Et on se dit qu’on a bien fait de faire réviser sa platine Revox des années 80 pour jouir de ces trois disques, perles d’un écrin si minutieux, si libre de ton, si chaleureux dans la proximité qu’il offre avec les amateurs de belles choses d’ici !

Laisser un commentaire