Mes parents, de David Hockney, 1977


Le célèbre peintre anglais encore vivant, David Hockney, célèbre ses parents dans une grande toile, My parents, peinte en 1977. Ce chef-d’oeuvre renvoie le peintre à lui-même et chaque spectateur à ses propres liens parentaux. Surtout quand il se retrouve au premier rang après leur disparition.

Cette œuvre s’inspire de la tradition anglaise du portrait de conversation. En vogue au XVIIIe siècle, ces portraits de groupe ont un dispositif informel avec un caractère intimiste. Dans le tableau une conversation a lieu, moment de la vie quotidienne d’un groupe de la société bourgeoise. Groupe composé de membres d’une même famille ou fratrie, avec des amis pouvant aussi être présents, ainsi que des domestiques.

The Western Family, de William Hogarth (1738) montre que Hockney perturbe la représentation traditionnelle de multiples façons que nous allons expliquer.

D’abord, Kenneth et Laura Hockney ne conversent en rien puisque la mère pose alors que le père est plongé dans un livre d’art. Le site de la Tate Gallery de Londres explique bien que « Hockney a réalisé cette œuvre après deux tentatives infructueuses. Ils ont été frustrés lorsque David a abandonné les versions précédentes, après avoir passé des heures à poser pour lui. Cependant, Margaret, la sœur de Hockney, a déclaré à propos de leur réaction à My Parents : « Maman et papa en étaient très fiers et pensaient que toutes les séances de pose en avaient valu la peine ». Les poses de Kenneth et Laura reflètent peut-être leur personnalité. Laura regarde directement le spectateur. Kenneth, connu pour s’agiter pendant les séances, est représenté en train de lire, comme s’il avait oublié qu’il était observé. »

Ensuite, Hockney se focalise sur trois détails de son tableau pour nous parler de lui comme peintre et comme fils. Dans ce sens, My Parents est un autoportrait déguisé.

Dans le miroir se reflète l’atelier du peintre avec un rideau permettant à ses modèles de se déshabiller avant la pose; et surtout une partie du chef-d’oeuvre de Piero delle Francesca, Le Baptême du Christ (1450), l’une des gloires de la National Gallery de Londres. Laura et Kenneth ont-ils baptisé David, la famille est-elle chrétienne ou le fils renégat ?

Le père est plongé dans un livre dont la couverture reproduit notamment trois aubergines. Comment ne pas penser au chef-d’oeuvre de Henri Matisse, Intérieur aux aubergines (1911), un manifeste de sa conception de l’à-plat. Couleurs posées en à-plat, caractéristique de Hockney !

Au bas d’un meuble « tiroir/bibliothèque », un seul livre au titre lisible : Chardin, le maître de la nature morte au XVIIIe siècle.

Comment alors ne pas voir dans le bouquet de tulipes une reduplication du portait des parents avec leurs ambiguïtés ? En effet, la tulipe représente l’amour parfait et durable entre les membres d’une famille. Mais elle peut également évoquer l’amour oublié ou négligé…

Merci au cher Y. de m’avoir aiguillé…

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