Sol et Pat, deux musiciennes qui mettent la musique à nu


La violoncelliste Sol Gambetta et la violoniste Patricia Kopatchinskaja sont des musiciennes quadragénaires hors normes. L’une Argentine, l’autre Moldave, elles vivent en Suisse et leur triomphe dans deux récents concerts mémorables procurent au public une joie intense et communicative. Seule la musique nous offre de telles ivresses.

À Munich le 15 novembre, Sol Gabetta a joué le 1er Concerto pour violoncelle de Chostakovich écrit pour Rostropovitch en 1959. Après une immense cadence, le finale utilise une mélodie géorgienne favorite de Staline en la distordant de manière macabre et ironique, montrant par là même que longtemps après la mort de celui-ci, il n’avait rien oublié des persécutions dont le compositeur fut la victime. Le roman de Julian Barnes, Dans le fracas du temps, raconte tout cela magistralement .

Accompagné par le jeune chef prodige finlandais Klaus Mäkela et son orchestre d’Oslo, Sol, dans son ample robe de concert, fait danser son violoncelle autour de ses jambes d’une manière hallucinée. C’est une mise à nu de la partition.

Mise à nu au sens propre avec Pat qui a la particularité de jouer pieds nus. Le concert de Lucerne du 19 novembre était conçu autour du Concerto pour violon de Ligeti avec le nouvel Orchestre contemporain du Festival de Lucerne dirigé par Tito Muñoz.

Décrite par François Hudry, comme « sauvage et indomptable », cette violoniste non conformiste est une étoile qui ne file pas encore. Un pareil concert en liberté, avec la joie triomphante de la musicienne et du chef devant nous au quatrième rang, fut mon bonheur ce samedi-là.

Sans le savoir avant mes réservations pour ces deux concerts à Munich et Lucerne, je tombe aujourd’hui sur un disque que ces étoiles ont conçu ensemble, avec concert sur France-Musique. Le hasard a cette semaine-ci bien fait les choses. Avec Sol et Pat, ça déménage !

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