La ville de Berne et ses environs au bord de l’Aar est un trésor naturel préservé, en-dessous de l’espace habité. Dans un safari urbain estival, le chasseur à l’affût traque l’insolite, l’incongru, l’intime ou le surprenant. Les lieux sont les animaux sauvages dans cette balade de seize kilomètres agrémentée d’une baignade dans la rivière. C’est la beauté des espaces urbains quotidiens de notre capitale maternelle.
De la gare on part vers Felsenaustrasse avec le bus 21. Ce quartier au-dessus et au bord de l’Aar abrite une ancienne brasserie et une centrale électrique. Les charmantes maisons ont des jardins qui regorgent de pommes et de poires.
On va suivre l’Aar et ses méandres jusqu’au bac de Reichenbach (Reichenbachfähre) en contournant une colline boisée en mollasse et à forte pente. En face, sur la rive droite, baigneurs et église romane du château de Bremgarten donnent un caractère bucolique et intime à ce paysage tout proche des quartiers habités.
On va traverser l’Aar sur un petit bac tracté par le courant, conduit par une Fährefrau qu’on doit appeler par une sorte de téléphone-interphone. Voici le Zehendermätteli, un restaurant existant depuis 1814 dans un domaine agricole.
Des jeunes femmes accortes descendent la rivière sur un paddle, le jardin du restaurant est plein d’habitués et la balade continue en remontant vers le nord puis en descendant jusqu’au pont de Tiefenau. Les bords de l’Aar traversent ici les communes de Zollikofen, Ittigen et Worblaufen. D’innombrables gummiboote passent les rapides sous le Tiefenaubrücke.
Voici. après une dizaine de kilomètres, la piscine d’eau douce de Lorraine, familiale et gratuite, point de départ de la procession des nageurs jusqu’à l’Altenbergbrücke, un kilomètres et demi en amont. Vieilles fermes et vaches qui paissent, enfants qui se suspendent au-dessus de la rivière, ancienne brasserie reconvertie en bar alternatif, jardin botanique, c’est la Berne urbaine et rurale à la fois, unique, celle qu’on aime tant !
Du bistrot alternatif Trybhous Bar, on se jette à dans l’eau fraîche à 21 degrés avec son Aaresack. Le kilomètre et de demi de descente aquatique est moins rapide que de Eichholz au Marzilibad.
Le Aaresack un sac à dos étanche qui permet de nager avec ses affaires personnelles. Le Wickelfisch (jeu de mot venant de Wickeltisch, table à langer) bâlois est ici déconseillé…
Retour au Lorrainebad pour reprendre son linge et ses chaussures, et en avant une seconde fois vers le Trybhous Bar qui nous gratifie d’une glace aux herbes, la Sherlock, produite par une laiterie du Hasliberg. Tout près d’où Sherlock Holmes serait mort…
On décide de monter au Rosengarten en passant à côté de la Fosse aux ours, le Bärengraben. Le quartier de l’Altenberg avec ses galeries d’art, ses grandes propriétés, son atmosphère bon enfant, ses arbres et jardins publics, est un condensé de la Berne urbaine chic.
Du jardin des 172 variétés de roses, créé sur l’emplacement d’un ancien cimetière, la vue sur l’enfilade de la vieille ville, la cathédrale et le Palais fédéral est incomparable. Trois étoiles dans le guide Michelin, inscrite au patrimoine mondial de l’humanité (« fondée au XIIe siècle sur une colline ceinturée par l’Aar, Berne s’est développée selon un principe urbanistique exceptionnellement clair. Les bâtiments de la vieille ville, de diverses périodes, comprennent notamment des arcades du XVe siècle et des fontaines du XVIe siècle. La majeure partie de la ville médiévale a été rénovée au XVIIIe siècle mais a conservé son caractère original.« ), Berne est bien le joyau sans égal des villes suisses.
On revient dans la vieille ville en passant par les hauteurs de l’Altenberg et en franchissant le Kornhausbrücke, histoire de voir d’en haut ce que ce dont on a joui en bas.
Avant de reprendre le direct de xx h 53 pour une autre ville inscrite à l’Unesco, la mienne, un détour s’impose, comme un rituel, par la Kleine Schanze et sa grande terrasse devant les Alpes.
Berne maternelle, Berne aux proximités chaleureuses, Berne informelle, Berne vaudrait bien un jour la peine qu’on apprenne la langue qui s’y parle… Bärn, i ha di gärn.