Entre exigence sociale, environnementale et démocratique, de nouveaux élus communaux verts vont arriver au pouvoir dans le canton de Neuchâtel le 25 octobre 2020. Les socialistes soutiendront toujours des mesures écologiques qui ne défavoriseront pas les plus faibles.
Aujourd’hui preuve est faite que les réalistes, ce sont les écologistes, et les utopistes, ce sont ceux qui veulent maintenir le statu quo et un modèle qui va dans le mur », se réjouissait fin juin Noël Mamère, un des premiers maires écologistes de France, élu à Bègles (Gironde) de 1989 à 2017.
Pour définir l’écologie municipale de gauche, il faut d’abord admettre une logique tenace : c’est dans les endroits les moins verts, les villes, que les électeurs votent le plus écolo.
La partie la plus visible du programme d’un socialisme vert, s’articule autour de l’horizon de la ville apaisée : végétalisation ou « déminéralisation », mobilités douces, circuits courts, qualité de l’air : l’idée de plus en plus consensuelle d’une ville respirable, agréable, cyclable.
Par exemple, la nouvelle maire de Besançon, Anne Vignot, entend ramener la voiture à sa « juste place » en luttant contre le stationnement sauvage et en faisant respecter des limitations de vitesse à 30 km/h, voire 20 km/h par endroits.
Pourtant, le volet « ville apaisée » des programmes locaux de l’écologie municipale pourrait alimenter les procès en élitisme.
« Le philosophe Pierre Charbonnier, chargé de recherche au CNRS et auteur de Abondance et liberté. Une histoire environnementale des idées politiques (La Découverte, 2020), juge, dans une tribune publiée par Libération le 30 juin, que l’écologie municipale, de plus en plus urbaine, fait face à deux scénarios possibles. D’un côté, celui « d’une consolidation des inégalités sociales et spatiales à partir des valeurs vertes ». De l’autre, dit-il, elle peut ambitionner d’abolir « la frontière entre l’intérieur et l’extérieur », et de rénover « le pacte qui lie les centres-villes aux espaces fantômes qu’elles consomment et consument ». L’équation, délicate, exige de conjuguer le désormais classique « fin du monde et fin de mois », de réconcilier ville et périphérie, centres historiques et ronds-points. » (Le Monde, 10 juillet 2020).
Pour résoudre cette tension, David Cormand, eurodéputé et secrétaire national d’EELV de 2016 à 2019, estime qu’il faut en finir avec la vision d’un « rayonnement exogène » des grandes villes, comme avec l’idée de leur « compétitivité internationale », pour privilégier « une économie endogène avec des réseaux locaux plus résilients et générateurs d’emploi ». « Pour répondre à la question sociale, il faut aussi faire en sorte que les gens aient moins de dépenses, moins besoin de leur voiture, moins de taxes ménagères et de facture énergétique, énumère-t-il. C’est le treizième mois écologique. »
Sur le plan financier, dans certaines villes françaises, les nouveaux maires veulent lancer des emprunts pour investir. À Strasbourg, Mme Barseghian envisage le lancement d’un grand emprunt de 350 millions d’euros sur six ans, notamment pour investir dans la réhabilitation de logements privés et de bâtiments publics. Idem à Besançon : Mme Vignot prévoit d’emprunter 10 millions d’euros pour les écoles et se réserve la possibilité d’emprunter 9 à 10 millions de plus, « tout en restant dans le vert en termes de désendettement ».
De plus, l’idée de faire émerger la démocratie à l’échelon local fait son chemin. La faible participation électorale potentielle n’ôte rien à sa légitimité des élus mais oblige à l’humilité, afin de renouer le lien démocratique avec les citoyens.
Ecologie sociale, socialisme écologique, les grandes questions théoriques rapidement évoquées dans cet article devraient donner des axes de travail pour la prochaine majorité de gauche plurielle à La Chaux-de-Fonds.
Surtout que des futurs éluEs pourraient avoir lu ou lire la grande interview du nouveau maire de Lyon, Grégory Doucet, promis à un bel avenir.