De Berne maternelle au crépuscule


La ville fédérale et maternelle, un soir de décembre au crépuscule, réserve des surprises colorées au passant guetteur.

On oublie trop souvent que Berne fait partie du patrimoine mondial de l’humanité  pour sa vieille ville sise sur un promontoire entouré par l’Aar : site-cocon enrobé par une rivière ombilicale !

De l’esplanade du Palais fédéral, ce dimanche-là de décembre, les trois « Bernoises », l’Eiger, le Mönch et la Jungfrau trônaient plein sud, royalement majestueuses, confédérant les regards.

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Leur proximité étonnait, leur teinte rose émouvait et le regard ensuite se tourna vers l’ouest moutonnant.

On comprit alors mieux comment cette ville maternelle enveloppe ses habitants de douceur humoristique qu’on saisit si bien dans les chansons de Mani Matter. Par exemple, Die Strass, won i drann wohne (La rue dans laquelle je vis). Une rue près du cimetière dans laquelle le narrateur voit passer les corbillards mais qui n’est pas encore à sens unique…

Ir lüt, i wonen anere Strass
Und nid symbolisch meinen i das
I wonen anere Strass, wi gseit
Wo zum Fridhof geit
I cha vom Fänschter us d’Umzüg gseh
Mit Efeuchränz und Bluemebouquet
Wen alben eine derhär chunnt da
Mit de Füess vora
En Andre villicht mahneti das
Geng dra gly näm dr Schryner scho ds Mass
Ou ihm für ds tannige letschte Chleid
Und das tät ihm leid
Ig aber findes schön das mys Bett
Vorlöifig no ke Holztechel het
Und das i geng no dr Himel gseh
Fröit mi drum descht meh
Die Strass won i drann wonen isch zwar
So dänken i e Sackgass s’isch wahr
Hingäge für mi und i gniesse das
No ke Einbahnstrass

 

Chers gens je vis dans une rue
Et ce n’est pas de manière symbolique
Que je vous le dis
Je vis dans une rue
Qui mène au cimetière
De ma fenêtre je peux voir
Les processions funéraires
Avec les couronnes de lierre et les bouquets
Quand untel s’en vient par-là
Avec les pieds devant
Un autre que moi peut-être ça le ferait
Sans cesse penser que déjà bientôt le menuisier
Prendrait ses mensurations
À lui aussi pour le dernier habit de sapin
Et ça lui ferait de la peine
Mais moi je trouve ça beau

Que pour le moment mon lit
N’ait pas encore de couvercle en bois
Et que je voie toujours le ciel
Me réjouit d’autant plus
Cette rue dans laquelle je vis
Voilà ce que je pense
C’est une voie sans issue c’est certain
Cependant pour moi et j’en profite bien
Elle n’est pas encore une rue à sens unique

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