L’œuvre de Yannick Lambelet accrochée à la 73e Biennale des Amis des arts au Musée de La Chaux-de-Fonds est intéressante dans le sens que, dans le style bien reconnaissable de l’artiste, elle associe une forme de vulgarité apparemment provocatrice à un recyclage personnel de références à l’actualité.
Ce tableau s’intitule Lettre à ma muse et présente une parodie potache du chef-d’œuvre du Musée des beaux-arts, le Nu à l’écharpe verte de Félix Vallotton. Actuellement prêtée, jusqu’à la date de la clôture de la Biennale, dans une exposition sur le thème du sommeil à Brême, l’œuvre célèbre n’est pas visible au MBA et le spectateur de Lambelet ne peut qu’en souhaiter le retour pour la revoir ou la découvrir. Souhaitons d’ailleurs qu’elle soit mieux accrochée qu’elle ne l’a été depuis quelques années, coincée entre deux autres œuvres alors qu’elle mérite de s’ouvrir à l’imaginaire. Elle est si belle qu’elle mérite amplement d’être régulièrement admirée ailleurs, au point qu’en 2013 j’avais fait le voyage de Paris pour la voir au Grand Palais. C’est donc une très bonne chose que de la prêter en Europe et dans le monde.
L’esprit potache de Lambelet se voit dans la posture d’une femme droit sortie de la froide Russie avec sa fourrure et ses grosses bottes d’hiver comme pour arpenter les rues de La Chaux-de-Fonds. Il parodie Vallotton dans un but précis, à peine visible dans le titre de l’œuvre. Ce tableau est en fait une « Lettre à « ma muse », une femme qui se révèle être un Monsieur X.
Il est donc la traduction visuelle et injonctive d’une missive lisible dans le catalogue. Le Lambelet peintre-choc se révèle un citoyen bien délicat, lui-même choqué par un de ses amis Facebook auteur d’une publication non publique (et donc non visible par les lecteurs de ce blog qui ne sont pas « amis » du Monsieur) sur Facebook le 6 octobre 2017.
Lambelet s’offusque qu’on s’interroge sur le nombre important d’œuvres prêtées à l’étranger par le Musée des beaux-arts de La Chaux-de-Fonds en 2017, notamment les 24 œuvres du XXe siècle envoyées incognito au Musée Lee Ungno de Daejeon en Corée du Sud. Il défend à juste titre la responsabilité majeure « d’un musée de travailler sur la visibilité de ses œuvres ».
Ce travail de prêt a un coût très important : il faut préparer les contrats, emballer et déballer les œuvres, et même les convoyer, à la charge des musées demandeurs évidemment. Et si je pense qu’on pourrait « prêter un petit peu moins », ce serait pour permettre aux employés du musée d’utiliser leurs forces de travail pour les expositions du musée lui-même. En ce temps de crise où tous les services communaux doivent réduire leur voilure, cette économie sur le nombre de prêts ne péjorerait pas l’image de notre MBA.
Yannick Lambelet en conviendra bien volontiers, lui qui a bénéficié des largesses communales en obtenant la bourse pour l’atelier d’artiste à Buenos Aires (de juillet à décembre 2016), mise au concours fin 2015 par la Ville de La Chaux-de-Fonds en collaboration avec la Conférence des villes suisses en matière culturelle.
Apparemment, l’Argentine a elle aussi échauffé ses ardeurs puisque, à la fin de son petit texte du catalogue de la Biennale, il adresse cette injonction à Monsieur X (…) : « branle-toi un bon coup, ça détend ».
C’est donc bien cordialement aussi que le « membre » d’honneur branleur de la SAMBA remercie Yannick Lambelet d’avoir été le premier artiste qui lui fait l’honneur d’être une « muse » à son inspiration.
Signé : Da NIQUel MUSE Y