C’est la credo de la droite partout dans les pays démocratiques occidentaux : quand il faut couper dans les budgets, c’est par la culture, jugée non indispensable, qu’il faut commencer. La droite chaux-de-fonnière ne manquera pas d’entonner cet hymne après l’échec de la hausse provisoire d’impôt refusée le 21 mai 2017 par 77,86 % des citoyens chaux-de-fonniers. Comment alors, face à ce facilisme, avoir une réponse de gauche qui repense tout le fonctionnement des budgets culturels ?
Nous l’écrivions déjà le 20 décembre 2015, la culture a gagné en importance dans la vie de tous les jours, ce qui influence aussi les taux d’occupation dans les villes: la part des employés dans le secteur culturel au sens large est en croissance. Dépenser dans la culture, c’est investir en terme d’emploi et de consommation de biens. C’est participer à la croissance et au développement d’une cité, pas seulement en terme d’image. Le nier en voulant couper à la hache, c’est appauvrir la santé économique, c’est tuer les énergies, c’est s’engager sur la voie du déclin.
Cependant, les acteurs culturels, tant subventionnés qu’institutionnels, doivent aussi, par équité, partager les efforts des autres services. Pour éviter que les apothicaires essaient d’économiser par service ou par poste budgétaire particulier dans ces services, il faut faire un premier choix : dans l’optique d’une vraie politique de gauche, déterminer quel seuil on ne franchira pas dans la baisse. Le proposer à 5,5 % des charges globales de la Ville est raisonnable, dans la moyenne suisse et bien en-dessous, par exemple, de la ville de Neuchâtel.
Ainsi, si les prochaines années budgétaires exigent encore des efforts, ils toucheraient, en fonction de ce chiffre, la culture : il faudrait d’autant réduire les prestations, et même le personnel vacataire ou à engager. A l’inverse, une embellie économique permettrait de redonner du souffle aux institutions, subventionnées ou communales.
Le deuxième grand choix à opérer est de déterminer le seuil à partir duquel on garantira les subventions. D’après les chiffres de ces dernières années, on devrait s’interdire de descendre en-dessous de 22 %, ce qui laisse 78 % pour les bibliothèques et les musées. Il en effet discutable de demander plus d’efforts aux acteurs culturels subventionnés que publics. Ainsi, quand on considère deux des institutions phares de la ville, le Théâtre populaire romand et le Musée des beaux-arts, on constate que la première a, depuis 10 ans, vu ses subventions chaux-de-fonnières jamais augmenter au contraire de la seconde.
Avec le regroupement des archives et des bibliothèques, on pourrait octroyer à ces deux services 28 % du coût culturel global et, ainsi, considérer que les musées et le zoo coûtent à la collectivité la moitié des charges culturelles.
Comment, alors, entre eux, répartir l’enveloppe qu’on pourrait imaginer à 6 millions pour la très difficile année 2018 ? Dans ce troisième choix, deux options seraient possibles. Selon l’hypothèse A, le MHNC continuerait d’exister mais en gérant seulement ses collections et on miserait sur un renforcement du zoo-vivarium et des trois musées du Parc. Au contraire, avec B, on créerait un MHNC « light » à l’Ancien Stand pour lequel, avec le zoo, on serait d’accord chaque année de dépenser le tiers de la somme à disposition des musées. Dans les deux cas, aux trois musées du parc de gérer entre eux l’enveloppe de 4,5 ou 4 millions à disposition !
L’approche serait radicalement autre de tout ce qui a été décidé dans la culture depuis des lustres. Ce serait en quelque sorte une révolution copernicienne : partir non des « objets » culturels mais des conditions de possibilité qui les font vivre, à savoir le budget global à disposition; partir d’en haut pour aller vers le bas et non l’inverse.
Ce changement de perspective d’approche nécessiterait un fort volontarisme politique de la part de l’exécutif et du législatif et une profonde remise en question du mode de fonctionnement des acteurs culturels : tirer à la même corde plutôt que tirer la corde à soi.
Postes |
En milliers de francs
Comptes 2016 |
Service des affaires culturelles (poste de délégué et subventions dont le TPR, le musée paysan, l’ABC, la Société de musique, la Plage) | 2700 |
Bibliothèque de la Ville | 2470 |
Bibliothèque des Jeunes | 910 |
Archives communales | 70 |
Service généraux des musées (conciergerie, sécurité, technique) | 670 |
Musée d’histoire naturelle | 770 |
Musée d’histoire | 850 |
Zoo du Bois du Petit-Château | 1040 |
Musée international d’horlogerie | 1420 |
Musée des beaux-arts | 1580 |
TOTAL | 12480 (5,4%) |
Revenu d’exploitation de la ville | 231200 |
Postes | BUDGET 2018 POURCENTAGE | En milliers de francs
Budget 2018 |
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Affaires culturelles et subventions | 22 | 2640 | ||||||||||||
Bibliothèques et archives | 28 | 3360 | ||||||||||||
Musées et zoo | 50
|
6000 | ||||||||||||
TOTAL | 12000 (5,5%) | |||||||||||||
Charges d’exploitation de la Ville 2018 (estimation) | 220000 |
D’accord avec vous. Les acteurs culturels de la Ville ont été consultés au début 2014 (sauf erreur de ma part) concernant un nouveau régime de subventions assez similaire de celui que pratique la Ville de Neuchâtel. A l’époque, Jean-Pierre Veya avait voulu dialoguer avec eux, Il n’en est actuellement rien ressorti. Si j’accepte le fait que les temps sont durs actuellement pour la culture, il semble bien qu’il faille actuellement tordre le cou au saupoudrage. La Chaux-de-Fonds foisonne culturellement, et il serait dommage de confiner sa population devant la télé le soir à cause d’un soutien public plus restreint et d’une offre plus maigre. Je peux appeler, comme président de Cantabile, choeur symphonique neuchâtelois, pour un soutien public mieux ciblé et plus cohérent, basé sur des critères d’attribution clairs.