Hier soir au Conseil général, l’élu du Nouveau Parti libéral, Frédéric Hainard, a proposé que les subventions culturelles soient réduites de 400’ooo francs pour 2016, soit une coupe de 20 % sur les 2, 2 millions budgetés. Proposition populiste digne du Front national en France, et suivie par les quatre élus UDC présents. La droite extrême chaux-de-fonnière pense donc que couper à la hache et tuer les énergies vivantes de la cité est un bon instrument de navigation.
Pour comprendre à quel point cette proposition est gratuite et opportuniste, il faut examiner les chiffres des subventions culturelles depuis quelques années. 2,34 millions en 2013, 2,48 en 2014, 2,26 en 2015 et 2,195 pour 2016. Soit une baisse de 11,5 % en deux ans. Couper encore 400’000 francs pour 2016 reviendrait à tuer sans foi ni loi les institution subventionnées. Les moyens alloués en 2016 seront moindres qu’en 2013. Tous les services et institutions subventionnées doivent faire un effort, et la acteurs culturels n’y échappent pas.
Voici d’ailleurs la liste de toutes les subventions culturelles de la ville ainsi que la répartition des dépenses communales selon les domaines.
Dans son argumentation, M. Hainard a stigmatisé cette ville de gauche qui, selon lui, navigue sans instrument pour nous guider. Ces subventions ne seraient que purement électoralistes. Quelques internautes réagissant sur Facebook considèrent que ces subventions sont élitaires et ne touchent qu’une catégorie d’institutions. Le tableau ci-dessus permet aux lecteurs de se faire une idée sur ce type de propos lancés sans analyse des chiffres.
J’ai répondu, pas seulement au nom du PS, mais aussi des forces vives de notre ville, que la politique du « y’ ka » relevait du populisme et que l’instrument de navigation de Frédéric Hainard, c’était la hache ! J’ai défendu le sens humaniste de ces subventions et ai terminé mon intervention par cette phrase, aimablement suggérée par Antoinette Rychner : « La culture coûte cher, essayez l’ignorance ».
Jean-Pierre Veya a montré que le budget 2016 essayait de ne tuer personne, au contraire de l’amendement proposé. Le radical Yves Strub a expliqué, dans un beau discours de droite humaniste, que la culture rapporte de l’argent, crée des emplois et stimule l’économie.
Devant tant de hargne face à la culture, devant ces propositions frontales sinon « frontistes », une autre stratégie serait de ne rien répliquer et de laisser les hyènes hurler dans la nuit. Pour ma dernière séance « de budget », puisque je quitte le législatif en mai 2016, j’ai choisi la réponse frontale. Front à front, humanisme contre populisme : il faut mettre les cartes sur la table à six mois des élections communales.
Au vote les 28 voix libérales-radicales, popistes, socialistes et vertes ont refusé cet amendement voté par cinq élus de la droite extrême.
Frédéric Hainard essayait-il d’attaquer les choix du Conseil communal en matière de subventionnement culturel? La contribution au TPR en premier? On peut discuter des sommes attribuées s’il n’y a pas de critères précis pour les justifier. Est-il normal que Cantabile, choeur symphonique neuchâtelois, ne reçoive que 2000 francs de subvention pour ensuite en débourser plus de 5000 – forfait de base de la Ville inclus – pour chanter un dimanche à la salle de musique, écrin d’excellence chaux-de-fonnière. Le nouveau régime de subvention qui nous a été présenté il y a presque deux ans offrait aux acteurs culturels locaux des pistes de répartition intéressantes, allant vers une responsabilisation des acteurs culturels face à leurs budgets et vers une générosité de la Ville octroyée sur la base de justes motifs.
Je crois qu’il sera nécessaire en 2016 de créer un grand débat citoyen sur la culture à CDF. Il faut défendre bien sûr l’enveloppe budgétaire mais je suis d’accord, et d’ailleurs le PS, l’a dit, que la répartition des subventions manque de transparence : qui décide quoi ? D’ailleurs hier soir, j’ai évoqué l’idée d’Etats généraux de la culture.