Il n’existe à Londres que peu de cafés où l’on peut encore manger ce plat typiquement londonien et anglais, le pie and mash. Par exemple chez Cooke’s, dans le Broadway Market du quartier de Hackney dans l’East End londonien. Faire découvrir à quelques jeunes gens aventureux ce mets populaire à moins de trois livres fut un bonheur partagé.
Le voici dans sa simplicité un peu rebutante pour qui tout n’est pas « un », comme l’a dit Montaigne. Un pâté chaud de viande de bœuf, arrosé d’une sauce au persil et accompagné d’une purée de pommes de terre. Le goût puissant de la viande qui contient un peu de rognon est contrebalancé par la sauce verte. Bien que les féculents dominent, pour moins de trois lives avec un thé au lait à 80 pences, on est sustenté pour des heures. Et c’est bon !
Le local est indescriptiblement cockney. M. Cooke, en fervent supporter de Tottenham Hotspurs – le stade de White Hart Lane est à quelques kilomètres au nord – n’en est pas encore revenu, avec son inimitable accent, d’avoir eu en cette fin d’après-midi quelques clients extraterrestres : un Suisse supporter de West Ham qui lui a exhibé le pin de l’équipe rivale et une jeune étudiante qui savait chanter le yodel….
Le charme des villes mondialisés tient encore à leur capacité à conserver, dans des lieux improbables à découvrir avec un peu de bonne volonté, la mémoire culinaire populaire.