Les Napolitains, quand ils parlent du Vésuve, le désignent par « la Montagne », « O’ Muntan ». Sa présence si forte se passe de dénomination particulière. Il est la seule montagne, la seule visible, la seule invisible aussi, ancrée dans l’inconscient collectif.
De toutes parts du golfe de Naples, il est visible, rythmant le paysage, en avant ou arrière-plan. On l’a en face de soi dans son entière majesté ou juste en partie, son sommet ou l’un de ses flancs. Il indique le temps et les saisons : net quand le vent est au nord, brumeux par temps humide. Avec la corolle jaune de ses genêts en été, mauve en automne, comme sur notre photo de ce début d’octobre prise de la Villa Angelina, dans la presqu’île sorrentine.
A gauche, Ercolano et plus à droite de la photographie, Pompéi. Aucune autre montagne occidentale ne véhicule plus d’histoire et d’images, réelles ou mentales dont, par exemple, celle-ci : celle que serait cette catastrophe d’un nouveau 24 août 79 .
Voyez O’ Muntan, ce Léviathan, qui semble veiller sur les hommes à ses pieds, voyez ce constraste unique au monde entre l’espace naturel et l’espace humain. Et cauchemardez sur la manière dont il serait impossible, comme en 74, de fuir la région dans la semaine ou le mois qui suivraient l’annonce d’une nouvelle grand éruption. Cauchemar avivé par des transports routiers et ferroviaires chaotiques, par une occupation extrême de l’espace urbain, par l’esprit napolitain de sourire de la mort, advenue ou à venir.
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