Le 2ème Concerto pour violon du compositeur suisse Jürg Wittembach est une œuvre très originale qui illustre musicalement et verbalement le chef-d’oeuvre de Gustave Courbet, Un Enterrement à Ornans. La soliste joue mais commente aussi l’apparition des musiciens qui représentent différents personnages du tableau. La pièce a été créée au Festival de Lucerne cet été avec la formidable violoniste Caroline Widmann, maîtresse de cette pièce très originale. En présence du célèbre compositeur allemand Wolfgang Rihm, un samedi matin ensoleillé dans l’église du Maihof.
Jürg Wittembach, Caroline Widmann et Wolfgang Rihm
Ce n’est pas un hasard que Wittembach ait été l’ami de gymnase de Mani Matter, le fameux cabaretiste bernois, docteur en droit et auteur de chansons en patois à l’humour distancé et terrien. Là est l’esprit de la ville de Berne qu’on retrouve dans notre concerto, une oeuvre qui mélange causticité populaire et subtilité savante.
La première partie fait apparaître sur scène, au fur et à mesure, différents musiciens illustrant les principaux personnages du tableau. Celui-ci, d’abord sous une forme schématique puis en reproduction est visuellement présent à l’auditeur.
On voit ainsi arriver un tubiste jouant le maire, deux trompettistes des anciens révolutionnaires, des trombonistes les deux bedeaux et ainsi de suite. La violoniste introduit musicalement et verbalement les membres grotesques de cette « harmonie du village ».
Toute cette compagnie termine en fanfare la première partie humoristique et caustique en se retirant de la scène.
Ne restent que la violoniste et un percussionniste qui inversent l’atmosphère musicale et spirituelle. Le réalisme trivial laisse la place à une musique des sphères dans un duo s’achevant dans le silence. C’est le « cortège des étoiles pour cordes ».
Cette oeuvrere est le meilleur hommage possible à un peintre qui ressemble à Wittembach dans sa quête de l’absolu artistique à travers le quotidien et les thèmes « vulgaires », ceux issus du peuple et de la terre.
La vidéo ci-dessous transgresse la règle du Festival qui interdit la prise d’images. J’assume la transgression du genre en hommage à Wittembach …
C’est une très belle idée, qui permet de mélanger deux formes d’art de façon intelligente ! J’aurais adoré voir cette représentation.