L’élu UDC de La Chaux-de-Fonds, soutenu maintenant sans faille par son parti qui a choisi sa carte, se sert de la notion de pardon en la dévoyant. Hobbes nous aide à mieux analyser la situation de crise dans laquelle nous sommes plongés.
Dans son ouvrage Du citoyen, écrit en en écrit 1642 pendant les guerres civiles qui secouent l’Angleterre, on lit : « La droite raison nous enseigne de chercher la paix, dès qu’il y a quelque espérance de la rencontrer, ou de nous préparer à la guerre, lorsqu’il est impossible de l’obtenir ». Ce souci de la paix impose néanmoins de la prudence qui ménage bien un devoir de pardonner. « La cinquième loi de nature est qu’il faut pardonner les fautes passées à celui qui s’en repent et qui en demande pardon, en prenant toutefois des assurances pour l’avenir « .
Dans notre situation, le conseiller communal a complètement renversé les rôles d’une manière qui fait froid dans la dos. Voici ce qu’il dit dans le Temps le mardi même de la publication de l’arrêté :
L’auteur des fautes avérées par de si nombreux témoignages se pose en victime. C’est le harceleur harcelé, ne pouvant même pas reconnaître des fautes qui ont fait souffrir des gens. Pour lui ce sont ses victimes qui doivent se repentir pour qu’il leur pardonne : que ma secrétaire qui pleurait souvent reconnaisse qu’elle a menti !
Cette manipulation dévoyée de la notion de pardon va évidement de pair avec un manque de regret et d’excuses patent mercredi soir 27 novembre en direct au 19 30 de Darius Rochebin.
Rochebin fait venir l’élu sur le terrain de la « brutalité » qui lui est reprochée et lui demande s’il « reconnaît des maladresses« , doux euphémisme. On pourrait s’attendre à un geste ! Dans une réponse glaciale – qui claque dans le soir d’hiver des Ponts-de-Martel où curieusement le conseiller communal se trouve – il reconnaît sa très grande « exigence« , son impatience parfois et son perfectionnisme. « Je suis quelqu’un de très direct et en général les gens savent à quoi s’en tenir lorsque je leur dis quelque chose« . En direct aussi devant nous, dans la nudité froide de ces mots, ne se manifeste aucune bribe d’empathie à l’égard des anciens collaborateurs. Une obstination aveugle à ne se poser qu’en victime, lui qu’on connaît, et j’en ai des preuves écrites qui me concernent, ne pas respecter parfois l’intimité des personnes.
Il devient donc difficile voire impossible en état actuel de « chercher la paix » suggérée par Hobbes car il n’y pas « d’espérance de la rencontrer » dans ce manque de regard critique sur soi.
C’est la raison profonde de l’état de résistance dans laquelle nous sommes entrés depuis mardi soir.
Et Hobbes a raison de dire que « la paix qu’on accorde à une personne qui ne se repent point, c’est-à-dire qui conserve un coeur ennemi, ou qui ne donne point des assurances pour l’avenir, n’est pas tant une paix qu’un effet honteux de la crainte« .