Les cynorhodons du Valanvron, de l’arbuste au bocal


Cette année, les églantiers en fleur furent glorieux et nous gratifièrent à profusion de cynorhodons bien mûrs sur quelques beaux arbustes du Valanvron, un petit vallon prisé des Chaux-de-Fonniers. Les avoir cueillis et équeutés le 27 décembre, dans une douceur hivernale inhabituelle, pour en produire, deux jours plus tard, quelques bocaux d’une précieuse confiture représenta cinq heures de labeur. Elle valaient bien du bonheur, bonheur du terroir aimé sur une prochaine tartine vitaminée.

L’arbuste épineux se défend vigoureusement. Ses épines entrent dans les doigts, prêts à même les infecter si on manque de prudence, ou plus tard de Betadine. Mais les deux églantiers devant le vallon aimé se laissèrent ce jour-là mieux apprivoiser, offrant leurs précieux fruits à l’amateur ébahi de tant de profusion, surtout qu’il avait sacrément gelé autour du 3 décembre. Le gel permet au gratte-cul dur de s’assouplir pour mû(ou)rir. Vingt-quatre jours plus tard, douceur, soleil voilé et patience remplirent un sac plastique Coop d’un kilo du fruit précieux, plus que « bio » : nature !

Sur un tronc d’arbre assis, on équeuta à mains nues les pédoncules – qui furent de bien vilains poils – des fruits déposés dans le pâturage. Le regard intéressé d’enfants qui passaient pas là aida à l’opération qui poisse les mains. À intervalles réguliers donc, on les arrose d’eau et on les essuie sur de la mousse d’un mur en pierres sèches. Sinon, les pédoncules noirs se collent aux doigts poisseux.

Le sac déposé devant l’arbuste fut un hommage bien artificiel au lieu tant aimé, tant parcouru, et finalement jamais réellement connu pour ses trésors hivernaux.

De retour chez soi, on met à macérer 48 à 72 heures les fruits mûrs, et déjà à moitié en ”boulie”, avec leur poids en jus de pommes. Betty procure une aide précieuse au béotien.

La confection de la confiture est un sacré trapèze. Il faut d’abord cuire une heure la mixture puis la compresser au passe-vite afin d’obtenir une purée d’un couleur ”cyno-fluo”.

La cuisson, pas trop rapide pour éviter de tuer les vitamines C, peut commencer. Elle prend au moins trente minutes avec 700 grammes de sucre pour un litre de purée. Quand une goutte de la confiture se fige sur une assiette mise au frigo, c’est bon pour le remplissage de cinq bocaux de 125 ml, préalablement stérilisés à l’eau à 100 degrés sortant d’une bouilloire. La couleur a passé du rouge sang au rouge caramel…

C’est ainsi qu’une semaine de Noël nous offre, en fin de compte, le plus beau des cadeaux, avec des étoiles dans les yeux. Et les papilles, car le goût est sublime d’onctuosité châtaignisée.

Je dédie cet article à P., le seul élu-poète de notre ville, de l’autre côté de la Ronde… Il en fera une fois peut-être une nouvelle…

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