Il y a soixante ans mourait Blaise Cendrars à Paris, le 21 janvier 1961. La journaliste de ATS-Keystone Sylvie Jeanbourquin s’est entretenue avec Théo Bregnard, Sylvie Béguelin et moi sur la place de l’écrivain dans sa ville natale. Elle est assez faible et il n’est pas trop tard pour imaginer une meilleure valorisation de ce grand poète novateur dans une métropole qui veut aller de l’avant. Faisons confiance à Théo Bregnard, directeur des Affaires culturelles, Christophe Stawarz, directeur du lycée Blaise-Cendrars et Sylvie Béguelin, directrice de la Bibliothèque. Dans l’article, j’évoque même un Prix Blaise Cendrars.

Dans cet entretien, je commence par signaler que «si Le Corbusier et Cendrars sont nés la même année et dans le même quartier de La Chaux-de-Fonds, la Métropole horlogère n’a pour l’instant cultivé que très peu de liens avec l’écrivain, si ce n’est d’avoir nommé une rue et le lycée du nom de l’auteur du Transsibérien. Pourtant, «quand on écoute Blaise Cendrars dans des interviews, il a l’accent chaux-de-fonnier».
« La Ville de La Chaux-de-Fonds pourrait mettre en avant l’héritage du poète avec un prix ou un festival de jeunes auteurs ou une grande fresque du Transsibérien». Théo Bregnard reconnaît que «la personne et l’œuvre de Blaise Cendrars sont insuffisamment mis en valeur par la Ville».
Admettons aussi que l’écrivain lui-même n’a cultivé aucun lien avec sa ville natale où il a vécu son enfance. «Il a mis le feu à son nom (Sauser) et détruit l’image du père pour renaître de ses cendres. D’où son nom, Cendrars. Il a voulu édifier un nouveau monde dans l’art et la poésie», ai-je expliqué à Madame Jeanbourquin en me fondant sur l’analyse de Miriam Gilou-Cendrars.
L’article continue ainsi : « Dans son livre, la fille du poète relève une citation intéressante de Cendrars sur ce sujet. «Tout enfant, très souvent, je brûlais dans mon berceau: je prenais feu comme une allumette et il ne restait de moi qu’un petit tas de cendres noires toutes entortillées. J’ai fait ce rêve au moins cinquante fois». «Cette idée de renaître de ses cendres est aussi symbolique de La Chaux-de-Fonds qui s’est à chaque fois relevée des crises qui l’ont traversé», ajoute Théo Bregnard.»
En 1913, il fait paraître son poème le plus célèbre, «La Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France», qui s’inspire d’un voyage en Russie qu’il a effectué alors qu’il avait 17 ans, soit avant son séjour à New York. Dans ce texte, « il mélange fantasme et vie réelle et raconte qu’il vend des montres pour un Leuba en Russie», ai-je dit à Sylvie Jeanbourquin.
Ce texte-oeuvre d’art réalisé avec Sonia Delaunay, la Bibliothèque de la Ville en détient un exemplaire assez exceptionnel, « un tirage d’épreuve non coupé avec des couleurs splendides », a expliqué la directrice Sylvie Béguelin.
Avec mes dernières classes de français au lycée Blaise-Cendrars, j’ai toujours commencé par étudier ce texte novateur en demandant aux élèves de créer eux-mêmes un récit-poème sur le modèle de Cendrars. Sur des feuilles A4 jointes à la verticale, ils avaient à raconter un voyage réel, vécu et poétisé en mêlant présent de l’énonciation, passé 1 du voyage, passé 2 d’avant le voyage et futur, (rêve, …), comme Cendrars le fait. Ils devaient jouer avec des associations simultanées d’images et de sensations, mélangeant époques et lieux. Formellement, il fallait alterner des vers libres longs et courts, inventer des juxtapositions et des énumérations de mots, utiliser différents registres stylistiques et, surtout, intégrer des couleurs ou des images. Le calligraphie pouvait se faire à la main ou à l’ordinateur.
Lire et corriger – le mot est ici malvenu – ces premières rédactions d’élèves de même pas seize ans était un pur bonheur.
Voicvi quelques extraits de certains travaux :

En novembre 2014, une petite exposition de ces travaux avait eu lieu sur les murs du lycée…
