Le 24 novembre, les électrices et électeurs La Chaux-de-Fonds devront dire oui ou non à l’élection de leur Conseil communal par le Conseil général sur la base de la proportionnelle. Ce bricolage est proposé notamment par le PLR. On peut en déduire que ce parti est favorable à la même formule pour l’élection du Conseil fédéral, ce qui permettrait l’entrée d’un-e Vert-e au gouvernement suisse.
Je comprends parfaitement le souci du PLR sur la suite possible de la carrière politique de sa conseillère communale, proche de la retraite. C’est vrai que le Conseil général, s’il avait à choisir, ne refuserait jamais, par décence et respect, de renvoyer une élue qui a donné toute sa vie à la politique locale. Et surtout pas de la remplacer par un homme ambitieux.
Donc, le parti de centre-droit défend un système particulier pour notre ville, unique en Suisse et sûrement dans le monde, l’élection du Conseil communal « sur la base de la représentation proportionnelle, en fonction des suffrages obtenus au Conseil général par chaque groupe ».
Autrement dit, on va obliger l’assemblée législative à élire des candidatEs appartenant aux partis et strictement selon le poids électoral de ces derniers. A la limite, un parti qui aurait beaucoup d’éluEs au Conseil général mais qui ne revendiquerait pas de siège à l’exécutif serait obligé de trouver quelqu’un. Absurde !
Je laisse le soin à d’éminents constitutionnalistes, et le canton n’en manque point, de dire si cette restriction du choix des éluEs ne viole pas la Constitution.
D’un autre côté, en bon prince que je veux être dans cette affaire, je ne trouve pas cette idée si idiote si on l’applique à l’élection du Conseil fédéral. Pourquoi ne pas suivre le PLR chaux-de-fonnier et réformer la Constitution suisse ? Les radicaux sont les pères de la Confédération moderne et ils n’ont pas que de mauvaises idées.
Ainsi, sur la base des résultats du 20 octobre et de l’idée du PLR chaux-de-fonnier, le Conseil fédéral serait composé de 2 UDC, 2 socialistes, 1 PLR, 1 Vert et 1 PDC. En effet, avec 7 sièges à repourvoir, il faudrait 12,5 % de suffrages pour avoir droit à un siège, 25 % pour en avoir deux, les sièges restant se répartissant selon l’article 41 des droits politiques suisses.
Ainsi, le PS aurait droit à un second siège car en divisant 16,8 par 2, on obtient le quotient de 8,4, ce qui est supérieur aux 7,8 % des Verts libéraux.
L’assemblée fédérale n’aurait alors plus d’autre choix que d’être obligée d’élire un-e Vert-e. Son choix se limiterait à savoir qui et la droite conservatrice ne pourrait pas feinter en élisant un-e Vert-e libéral-e !
A La Chaux-de-Fonds, la population a choisi en 2003 d’élire directement son Conseil communal. Ce mode d’élection permet à la fois aux citoyen-ne-s de voter pour des partis, des idées, et de choisir des personnes (en en rajoutant sur une liste ou en en biffant d’autres).
Le plus bel exemple du bon fonctionnement du système est l’éviction de l’UDC Jean-Charles Legrix au profit de Marc Arlettaz en juin 2016. Beaucoup de personnes humanistes ont suivi mon conseil : donner un suffrage à Arlettaz et les quatre autres au parti de leur choix.
Je refuse donc obstinément de me dépouiller du droit que j’ai et que je veux continuer d’exercer. Avec son bricolage de système, à la limite anticonstitutionnel, le PLR local (associé au POP en cette cette circonstance pour des raisons diamétralement opposées) fait preuve d’incohérence par rapport à sa ligne nationale. Et même d’un certain opportunisme circonstanciel.
Au moins le POP, lui, n’a pas des conceptions politiques à géométrie variable… Il persiste, en dépit du bon sens selon moi, dans les idées qu’il défend depuis longtemps : une juste représentation proportionnelle dans tous les exécutifs ! Y compris, bien sûr, dans le Conseil d’Etat neuchâtelois.
Mille tableaux 
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