Aujourd’hui dans Arcinfo, le président du PLR neuchâtelois affirme que le but du PLR est d’avoir deux sièges au Conseil national. Cet objectif à 50/50 est pratiquement irréalisable.
Les électeurs de la droite modérée voteraient plus utilement en choisissant massivement les Verts libéraux ou le PDC pour éviter que la gauche apparentée ne gagne trois sièges ! Tel est l’effet d’une droite divisée cette année !
Le calcul permettant de répartir les mandats dans une élection à la proportionnelle au Conseil national est compliqué. Il est expliqué dans la loi fédérale sur les droits politiques aux articles 40 et 41.
En effet, la première répartition des mandats se calcule à partir du nombre total de suffrages de toutes les listes qu’on divise par le nombre de mandats plus un. Soit 4 + 1 dans le canton de Neuchâtel. Ainsi sur 100 suffrages ou pour cent, il suffit de 20,01 % pour avoir un siège, 40,01 % pour en avoir deux.
Il reste donc un mandat, un siège à attribuer. La loi est limpide : « on divise le nombre de suffrages de parti obtenu par chacune des listes par le nombre de mandats qu’elle a déjà obtenu plus un et on attribue le mandat restant à la liste qui obtient le plus fort quotient. »
Les formules mathématiques pour le canton de Neuchâtel peuvent donc s’établir ainsi. Avis aux informaticiens et journalistes pour le 20 octobre !
Soit 4 nombres de suffrages de listes, désignés chacun par 4 valeurs mathématiques (g, p, v, u) : g (nombre de suffrages de la liste PS-POP-Verts) ; p (nombre de suffrages de la liste PLR), v (nombre de suffrages de la liste Verts libéraux et PDC) et u (nombre de suffrages de la liste UDC).
3 sièges pour la gauche : g >1,5p ET g >3u ET g > 3v
2 sièges pour le PLR : p > 0,66g ET p > 2u ET p > 2v
1 siège pour les VL/PDC : v > u ET v > g/3 ET v > p/2
1 siège pour l’UDC : u > v ET u > g/3 ET u> p/2
Résumons :
La gauche gagnera 3 sièges si elle a 1,5 fois plus de suffrages que le PLR et trois fois plus de suffrages que l’UDC et les VL/PDC. (ex: Gauche : 45,1; PLR : 30; UDC : 15; VL-PDC : 9,9)
Le PLR gagnera 2 sièges s’il a plus que les deux tiers des suffrages de la gauche et deux fois plus de suffrages que l’UDC et les VL/PDC. (ex: Gauche : 45; PLR : 30,1; UDC : 15; VL-PDC : 9,9)
L’UDC gardera son siège s’il elle a plus de suffrages que les VL-PDC, plus que le tiers des suffrages de la gauche et plus que la moitié des suffrages du PLR (ex: Gauche : 45; PLR : 30; UDC : 15,1; VL-PDC : 9,9)
Les VL-PDC gagneront un siège s’ils ont plus de suffrages que l’UDC, plus que le tiers des suffrages de la gauche et plus que la moitié des suffrages du PLR (ex: Gauche : 45; PLR : 30; UDC : 9,9; VL-PDC : 15,1).
Pour mémoire, en 2015 : Gauche : 45,8 ; PLR : 24,7; UDC : 21,5; VL-PDC et PBD : 8)
A ce stade de l’analyse, on comprendra aisément que le non-apparentement PLR-VL-PDC favorisera énormément la gauche si l’UDC perd des suffrages. En effet, avec moins de suffrages qu’en 2015, la gauche pourrait gagner un siège. Paradoxe du système proportionnel dans un canton avec quatre mandats nationaux. Il faut être puissant pour y arriver.
La possible gain de trois sièges à gauche dépend donc du résultat, prédit en baisse, de l’UDC.
Je prétends donc que voter PLR pour le Conseil national est inutile pour les électeurs de centre-droit, même des PLR !
Je ne souhaite pas provoquer ou discréditer ce grand parti dont l’une des vieilles branches a fondé notre canton. Pourtant, dans cette élection-ci, les enjeux pour un électeur qui n’aime ni l’UDC ni surtout la gauche sont ailleurs.
Je comprends parfaitement que la majorité des électeurs de droite modérée votent pour des idées, donc un parti. Mais comprennent-ils que l’élection d’octobre au Conseil national peut leur donner l’occasion d’éviter deux typhons : le maintien du siège UDC, donc la réélection d’Yvan Perrin, et le gain de trois sièges sur quatre pour la gauche ?
Ils doivent d’abord sortir de leur tête ce que le PLR essaiera peut-être de leur enfiler dans la campagne : le gain de deux sièges est quasi impossible, contrairement à ce qui a été déclaré le 18 août aux Ponts-de-Martel (« Ça sera du 50/50 »).
Les chances du PLR de gagner un second siège au National sont donc quasi nulles.
Il faudrait pour cette éventualité trois conditions simultanées :
- que la gauche s’effondre à 40 %, ce que ne prédisent pas du tout les sondages, qui donnent les Verts en progression;
- que le PLR monte au moins de 24,7 à 30; ce sera difficile malgré une campagne offensive alors que les électeurs de droite à tendance verte et le jeunes femmes de droite ont les Verts libéraux comme alternative avec une liste écologique et paritaire !
- que l’UDC et les VL-PDC se tiennent au coude à coude sans que l’un des deux ait plus que la moitié des suffrages du PLR.
Dans ce cas (PLR 30,1 ; gauche 40 ; UDC 15 ; VL-PDC 15) le PLR gagnerait un second siège car les 30 % restants se partageraient exactement entre l’UDC et les VL-PDC.
Cette triple conjonction n’est théoriquement pas impossible. C’est comme si on achetait un billet de loterie en espérant gagner le million.
Voter PLR n’empêchera donc jamais l’UDC de conserver son siège puisque le PLR ne peut mathématiquement pas le lui prendre. L’électeur de droite modérée doit par conséquent accepter, pour cette fois, de donner des suffrages au centre pour augmenter le pourcentage des VL-PDC.
Pour bien illustrer cela, imaginons que la gauche est stable à 46 % et que le PLR réussit à augmenter son score à 26 %. Restent 28 % à répartir entre l’UDC et le bloc du centre. Il suffirait à celui-ci d’avoir 14,1 % pour conquérir le siège. Cela signifierait que beaucoup d’électeurs UDC ne seraient plus allés voter et que beaucoup de jeunes et de femmes de droite ouverte se seraient mobilisés pour la première fois,
Donc, la seule façon d’empêcher la gauche de gagner trois sièges et d’éviter le maintien de l’UDC est, pour un électeur de centre-droit, de renforcer le bloc VL-PDC qui, ainsi, avec un score important lui donnant le siège, empêcherait la gauche d’en avoir trois. Tout en sachant que plus la gauche augmentera son pourcentage, plus le score des VL-PDC devra être important.
Ainsi, avec une montée de la gauche à 48 %, seul un bloc centriste à 16,1 % serait capable de la contrer, étant entendu qu’il serait impossible au PLR d’avoir 32,1% !
Quant aux électeurs de gauche, comment doivent-ils envisager cette élection ? Avec un double optimisme ! S’ils se mobilisent plus qu’il y a quatre ans, ils feront d’une pierre deux coups : terrasser une bonne fois pour toute l’UDC neuchâteloise et donner trois sièges sur quatre à la gauche. Une perspective stimulante rendue possible, cette année, par l’éclatement de l’alliance PLR-PDC-VL et par la crise de l’UDC neuchâteloise.
Je considère donc qu’il est indispensable aux Verts libéraux, au PDC et aux trois partis de gauche d’expliquer rationnellement à leurs potentiels électeurs les enjeux importants de cette élection.
En laissant de côté les attaques mutuelles et en ignorant le PLR…
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