Une liaison directe vers un cul-de-sac ?


Qui ne se réjouirait de la future ligne directe Neuchâtel – La Chaux-de-Fonds, prévue pour 2035 ? Pourtant, où va-t-elle aboutir ? Dans un cul-de-sac si des actions volontaristes ne sont pas entreprises en vue d’une liaison ferroviaire rapide jusqu’à Besançon-TGV, la porte de l’Europe pour le canton. En 2005 déjà, j’avais déposé une motion sur ce sujet. Quatorze ans plus tard, rien ne s’est vraiment amélioré. Et dans quinze ans ?

Actuellement, de la gare TGV de Besançon on peut se rendre à Paris puis, en changeant de gare, à Bruxelles, Amsterdam ou Londres. Ou à Marseille et Nice ainsi qu’à Montpellier puis Barcelone, d’où l’on rejoindra Madrid et le reste de l’Espagne.

tgv

En septembre 2005, j’avais, avec d’autres élus de gauche, déposé une motion lors d’une séance commune des Conseils généraux du Locle et de La Chaux-de-Fonds. Elle était intitulée « Création d’un réseau efficace de transports publics entre Morteau et La Chaux-de-Fonds« .

Sa redécouverte aujourd’hui dans mes archives prend un singulier relief.

 » Les transports publics seront amenés à jouer un rôle de plus en plus important à l’avenir : hausse du prix de l’essence, réchauffement climatique et engorgement des villes vont encourager de nombreuses personnes à utiliser les transports publics. Encore faut-il que ceux-ci soient performants et répondent à la demande des utilisateurs.

Les quelques trains qui desservent La Chaux-de-Fonds depuis la France sont rares et peu fréquentés sauf lorsqu’il y a beaucoup de neige ! Est-ce parce qu’ils ne desservent pas les zones industrielles directement ?

Convaincus que l’offre actuelle est insuffisante, nous demandons aux autorités de nos deux villes de prendre contact avec leurs homologues français, mais aussi avec les autorités cantonales, fédérales, les CFF et la SNCF afin de réaliser un réseau performant de transports publics entre la Suisse et la France.

Ce réseau combiné train et bus devra desservir rapidement les zones industrielles de notre région ainsi que les gares. Des trains plus fréquents venant de la France pourraient circuler entre les trains de l’horaire actuel des CFF.

En complément, la création de lignes de bus pourrait venir compléter l’offre surtout aux heures de pointe. Nous pensons notamment à la ligne de bus Pontarlier Villers-le-Lac qui pourrait être prolongée jusqu’à La Chaux-de-Fonds.

D’autre part, en 2011, Besançon aura une nouvelle gare TGV sur la ligne Rhin-Rhône, à Auxon, situé à 10 km au nord de la ville. La gare de Besançon Viotte verra son rôle renforcé en devenant un espace tertiaire de premier plan et un véritable pôle d’échange. Auxon sera relié à Viotte en offrant une grande facilité d’accès aux voyageurs empruntant des trains régionaux vers le TGV.

En matière ferroviaire, la ligne La Chaux-de-Fonds – Le Locle – Besançon, modernisée et avec davantage de liaisons avec nos deux villes, pourrait être pour notre région la plus rapide porte d’entrée à l’Europe puisque des trains se dirigeant dans toute l’Europe du Nord et du Sud passeront par Auxon. C’est donc un potentiel formidable que nos deux Conseils communaux devraient rapidement explorer. 

Je l’avais développée en mars 2006 et elle avait été largement acceptée par les législatifs des deux villes.

 » Messieurs les Présidents, Mesdames, Messieurs, c’est au nom des socialistes loclois et chaux-de-fonniers que je m’exprime, plus particulièrement pour insister sur la dernière partie de la motion. Aujourd’hui, si vous voulez faire une petite escapade en Europe, dans des villes comme Londres, Madrid ou Berlin, un clic de souris sur le site « Si facile d’aller en jet » et le tour est joué pour apparemment pas trop cher. Vous êtes orange de bonheur. Reste à aller prendre l’avion à Bâle ou à Genève.

Chers collègues, dans dix ans, nous pouvons parier que ces petits sauts de puce, en fait pas si commodes que cela, il y a de l’attente, il y a du stress, il faut joindre les aéroports avec les centres des grandes villes, et bien ces petits sauts de puce ne seront que des bons souvenirs en ce qui concerne les transports aériens. Le pétrole aura doublé de prix et sera rationné, la pollution atmosphérique nous obligera aussi à des restrictions.

L’avenir, pour nous Européens de notre région jurassienne franco-suisse, de Valdahon à Saignelégier, qui aimons voyager et accueillir les voyageurs, c’est le train à grande vitesse. Le potentiel formidable de la proximité de Besançon ne nécessitera plus trop de paroles. Si j’avais eu une salle plus petite, j’aurais pu vous montrer plus clairement une carte de l’Europe avec l’axe TGV européen et son maillon clé, le TGV Rhin-Rhône qui sera opérationnel depuis 2012. Et la gare la plus proche de chez nous ne sera pas Dijon qui est actuellement à 3h30 de La Chaux-de-Fonds, mais Besançon- Auxon, à moins de 120 minutes, si nous décidons aujourd’hui d’être volontaristes. Besançon-Auxon, c’est exactement au centre de l’Europe qui relie Copenhague à Madrid. Cette gare nous permettra d’aller à Bruxelles, à Londres, à Barcelone, à Marseille ou à Berlin en quelques heures. Défendons donc en complément de la politique actuelle des CFF qui privilégie l’axe Neuchâtel – Frasne – Dijon, défendons l’axe La Chaux-de-Fonds – Besançon. Battons-nous pour plus de desserte, plus rapide. (…)  »

Dans un deuxième tour de parole, j’avais répondu au scepticisme de la droite :  » Je comprends tout à fait le scepticisme des collègues libéraux du Locle sur le côté un tout petit peu utopique et poétique de l’ouverture à l’Europe et je peux comprendre que ça puisse susciter un léger agacement par rapport à des réalités plus concrètes. Je comprends également que l’Union démocratique du centre considère que la priorité du développement de la Franche-Comté a été donnée ces dernières années aux liaisons routières, ce qui est très important bien sûr. Mais je crois qu’il y a une complémentarité entre la route et le rail et je crois surtout que le but d’une motion, j’aimerais relire quand même ce que c’est une motion, c’est une demande d’étude qui est faite au Conseil communal. C’est demander aux autorités de nos deux villes de prendre contact avec les homologues français, avec les autorités suisses et françaises, afin de réaliser un réseau performant de transports publics entre la Suisse et la France. Qu’est-ce qu’on perd à voter cela? Pour ceux qui hésitent encore à, je dirais s’abstenir, parce que voter contre, quel est le sens? Qu’est-ce qu’on perd à voter cela? Rien! Qu’est-ce qu’on peut gagner? Peut-être beaucoup!

(…) Une motion ne signifie pas une dépense, ne signifie pas une prise de position qui va être publiée tous azimuts, ne signifie pas non plus dans ce domaine-là une lutte idéologique entre la droite et la gauche. Cela signifie aussi pour la région, donner un signe qui sort de l’image, encore véhiculée aujourd’hui dans le temps, d’une région et d’une ville cul-de-sac.

cdf - besan

Ce n’est pas ça qu’on veut dans cette région. Alors, ce plaidoyer, c’est pour inciter les opposants, sinon à voter, du moins à s’abstenir. C’est là qu’on peut être uni aujourd’hui pour s’ouvrir sur notre alliée naturelle qu’est bien sûr la Franche-Comté. »

 

 

 

 

 

 

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