L’avenir des Montagnes neuchâteloises dans leur desserte ferroviaire vers la Suisse romande, Berne et Paris est sérieusement menacé par quatre risques qu’il faut avoir le courage et l’honnêteté de voir en face. L’optimisme béat n’est pas de mise.
1er risque : le refus par le Conseil fédéral du RER Neuchâtel-Cernier-La Chaux-de-Fonds
En 2019, va être décidé par le gouvernement le destin de la liaison rapide entre le Haut et le Bas pour 2035. Soit on construit un RER à environ 900 millions soit on rénove la ligne en évitant Chambrelien pour 700 millions. La seconde solution est bancale et peu audacieuse, la première ferait de notre canton un espace unique pour la suite du XXIe siècle. Je crains que le départ de Doris Leuthard et l’arrivée potentielle de nouveaux ou nouvelles éluEs au Conseil fédéral n’enterrent le projet. Certes, la cadence au quart d’heure resterait une priorité mais sans les avantages d’un métro.
2e risque : Le chaos dans les liaisons La Chaux-de-Fonds-Neuchâtel de mars à octobre 2021
En 2021, les deux tunnels sous la Vue-des-Alpes seront rénovés pour des questions de sécurité. Il n’y aura plus de train pendant neuf mois, remplacés par des bus. Le chaos est prévisible avec d’interminables bouchons aux heures de pointe qui pénaliseront surtout les pendulaires. Seront-ils indemnisés comme l’ont été, à haureur de cent francs pour dix trajets au moins, les voyageurs Lausanne-Berne pendant six semaines en été lors de la fermeture de l’axe Lausanne-Puidoux ?
3e risque : La perte de la ligne directe La Chaux-de-Fonds-Berne
Actuellement il y a une liaison directe par heure entre La Chaux-de-Fonds et Berne assurée par le BLS, ennemi juré des CFF. Dès fin 2019 ceux-ci reprendront l’intégralité de l’exploitation. Qu’est-ce qui nous garantit que cette liaison directe sera maintenue ? Trente-six bonnes raisons (rentabilité, technique, correspondance, analyse du marché, etc ) pourraient être invoquées pour la supprimer. Elle pourtant non seulement commode pour les pendulaires, mais aussi vectrice d’un significatif apport touristique pour la région.
4e risque : La suppression de Neuchâtel-Paris par Frasne
Pour aller à Paris le matin de La Chaux-de-Fonds, il faut prendre le train à 7 h. 30 (mais tout le monde part à 7 heures par peur de problèmes de dernière minute) pour Neuchatel. Puis on monte dans une rame antédiluvienne et sans personnel d’accompagnement pour Frasne. De là, au vent et au froid en hiver, départ en TGV à 9 h. 15 et arrivée à Paris en TGV à midi, soit 4 h 30 minimum depuis La Chaux-de-Fonds. Le transport à Frasne n’est pas assuré quand la motrice est en panne comme le lundi 24 septembre. Nous avons dû passer par Bâle avec deux heures de retard ou Genève, comme moi, avec trois ! Chapeau aux vendeurs des guichets qui nous ont trouvé des places de remplacement dans des TGV qui partaient de Suisse. Mais bonnet d’âne au chef de ce guichet de Neuchâtel qui a laissé tout seul sur le quai et dans le hall un collègue préposé à l’information. Sortir de son point de vente pour l’aider à mieux informer les voyageurs n’était absolument prévu dans son logiciel : manque évident du sens du travail en équipe.
Le retour est indigne dans la rame qui part de Frasne à 20 h 30 après un début de voyage en TGV au départ de Paris à 18 h. 00. Indigne parce que de toute la journée de va-et-vient entre Neuchâtel et Frasne elle n’a pas été nettoyée !
C’est donc avec plaisir que j’ai l’honneur de la baptiser la NFP (Navette Ferroviaire Pourrie) depuis mon retour de Paris le 29 septembre au départ de Frasne à 20 h. 30. La petite vidéo tournée dans une parfaite improvisation est du genre « freak ». Personne ne pourra m’accuser de manipuler la réalité : saleté repoussante des wagons, toilettes dégueulasses, bruit d’enfer et isolation thermique insuffisante.
Cette navette est la carte de visite des CFF pour l’entrée en Suisse par le canton de Neuchâtel. Passe encore pour des Montagnons habitués à aller faire des torrées dans des grottes le jour de Noël. Une Parisienne rencontrée dans ce train d’enfer ne le reprendra plus jamais.
Et moi sûrement plus non plus puisque depuis le 9 décembre je pourrai aller à Paris par … Glovelier en laissant la voiture devant la gare. Ou par Bienne. En partant de CDF à 5 h. 32, je serai à Paris à 10 h. 37, soit 5 heures. La nouvelle liaison Bienne-Delémont-Glovelier-Delle-Méroux (gare TGV de Belfort) permettra ce miracle avec un confort assuré et des prix plus intéressants que Neuchâtel-Paris. C’est la mort annoncée de la liaison Neuchâtel-Paris: plus un Biennois en tous cas ne l’empruntera !
Encore mieux pour le retour. La semaine, départ de Paris à 19 h. 23 et arrivée à Glovelier à 22 h. 54. Le dimanche, départ à 20 h. 23 et arrivée à 23 h. 54. Tiutes ces informations sont tirées des projets d’horaires des CFF qui seront rendus publics le 17 octobre avec peu de modifications.
Pouvoir être dans son lit à La Chaux-de-Fonds à une heure du matin et avoir pu profiter d’un début de soirée à Paris, n’est-ce pas un excitant antidote aux rames dépressives ?
Pour info, dès décembre 2019, la NFP (ou RBDe 562 pour les ferrovipathes) sera remplacée par une rame Flirt France RABe 522, identiques à celles du Léman Express.
Quant à la ligne La Chaux-de-Fonds – Berne, elle sera maintenue par les CFF, puisque ces derniers viennent de commander sept rames chez Stadler spécialement pour cette nouvelle ligne.
Merci des infos !
Merci beaucoup de vos infos qui rendent mon article obsolète mais c’est le lot des blogueurs !