Le plus grand philosophe allemand des Lumières a passé toute sa vie à Kaliningrad, ville dans laquelle Granit Xhaka a marqué un but anthologique contre la Serbie le 22 juin 2018. Kant aurait-il pu alors justifier philosophiquement que ce but était « beau » ?
Kaliningrad est une enclave russe dans ce qui fut autrefois la Prusse orientale.
La ville s’appelait alors Königsberg et le philosophe y vécut toute sa vie au XVIIIe siècle sans jamais en sortir, jusqu’à sa mort à l’âge de 80 ans.
Aujourd’hui, l’université où Kant enseigna la géographie existe toujours et n’est éloignée que de quelques minutes à pied du Baltika Stadium où Granit Xhaka a marqué le 22 juin un but mémorable.
Kant, l’un des plus grands philosophes ayant approché la notion du beau, aurait-il pu justifier philosophiquement que ce but était « beau » ?
Esquissons une réponse affirmative qui ne manquera pas d’effrayer les puristes. En effet, Kant se réfère aux oeuvres d’art pour approcher le concept et il est facile de démontrer qu’un geste humain n’a rien de commun avec la Joconde.
Cependant, lorsque je suis en présence d’une œuvre belle, il y a dans mon jugement (que Kant nomme le jugement de goût) « l’idée implicite que n’importe quel être sensible et raisonnable comme moi émettrait un jugement analogue ». (C. Godin, La Philosophie pour les nuls). Ainsi Kant peut prétendre que le beau plaît universellement et sans concept, c’est-à-dire qu’on n’a pas besoin de preuve ni de démonstration pour l’affirmer.
Arrêtons-nous là dans nos excès de schématisation et ayons en tête que la ville où la Suisse nous offrit son plus beau match depuis 20 ans a inspiré le désenclavage de ses habituels complexes d’infériorité : Xhaka et Shakiri parlent en tout cas la même langue que Kant !