Il y a du sens à investir pour un enclos des loutres au Bois du Petit-Château et la polémique qui se développe là autour m’amène à quatre commentaires.
A) Le coût réel pour le contribuable : Dans sa longue page de ce jour, Arcinfo omet de préciser que pour ce nouvel enclos les dépenses nettes de la ville sont de 350’000 francs, soit, pendant 25 ans, 18’000 francs de frais d’amortissement sur le budget annuel du zoo (1,1 million). Quand ce projet d’enclos a été lancé, des centaines de personnes de tous âges et de tous milieux l’ont soutenu par leurs dons, modestes ou significatifs. En voulant renvoyer le rapport sur les loutres à plus tard ou en faisant entendre que les loutres d’Asie n’ont rien à vivre dans le Jura, le PLR a donné selon moi une gifle à tous ces donateurs. Ce n’est pas ainsi qu’on crée de bons partenariats public-privé dont le PLR se fait pourtant le chantre.
Extrait du rapport du Conseil communal
B) Le sens d’un petit zoo du XXIe siècle : Un zoo du XXIe, modeste ou immense, n’a de sens que s’il sensibilise le public aux menaces qui pèsent sur nombre d’espèces animales. Passé le temps où on exposait des bêtes en cages. Il doit offrir aux animaux menacés des espaces correspondant à des critères de bien-être et, surtout, attractifs pour le public. Le zoo de Zürich a dépensé 57 millions pour les six bassins du nouveau parc pour éléphants et 650’000 francs pour nos loutres – au total – reste un investissement modeste. Surtout que ce même mardi 6 février le Conseil général a accepté un crédit de 28 millions de francs sur quatre ans pour la réfection de routes et de canalisations !
Le nouvel enclos des éléphants du zoo de Zurich, gigantesque attraction touristique
C) L’attractivité des loutres pour la dynamisation du nouveau petit musée : D’un point de vue strictement financier, l’enclos des loutres, attraction-phare du Bois du Petit-Château, va servir de sas d’aspiration pour le nouveau musée. Avec sa cafétéria, il peut espérer avoir beaucoup de visiteurs, ce qui générerait des recettes significatives. Aujourd’hui le Musée d’histoire naturelle a des charges annuelles de 800’000 francs et tout l’enjeu politique d’un éventuel investissement sera dans ce défi : rénover l’Ancien Stand pour un nouveau musée qui ne coûtera annuellement pas plus cher, sinon même moins cher, que l’ancien. A noter qu’on paie chaque année 195’000 francs à la Poste pour louer les espaces actuels du musée.
D) La planification financière précise des coûts de fonctionnement du nouveau musée : Le Conseil communal, et singulièrement Théo Bregnard et ses collaborateurs du musée, n’ont “du coup” pas d’autres choix que de peaufiner financièrement leur projet de nouveau musée. Dans la situation actuelle de la ville, je ne vois ni le Conseil général ni les citoyens accepter d’investir dans un projet qui augmenterait les charges globales de la ville. Reste à savoir si le PLR, suivi par un certain nombre de citoyens, acceptera cette planification ou si, au fond de leur pensée, toutes ces belles âmes qui se drapent de vertu financière ne souhaitent pas la mort du musée.