Le Portugal artistique moderne ne serait rien sans le Prix Nobel de littérature 1998, José Saramago. Les Vivamitiés de La Chaux-de-Fonds l’ont oublié et cet hommage ne vient pas réparer un quelconque manque mais rendre modestement hommage à un de mes écrivains préférés, proche des gens, de son pays, des monde imaginaires et, par-dessus tout, de la lucidité amusée et cinglante avec laquelle il voit le monde.
Commençons, sans commentaire, par présenter le début de son discours de réception du Prix Nobel.
Discours de José Saramago devant l’Académie royale de Suède à l’occasion de son Prix Nobel. (Déclaration du lundi 7/12/98).
L’homme le plus savant que j’ai connu dans toute ma vie ne savait ni lire ni écrire. A quatre heures du matin, quand l’annonce d’un nouveau jour s’entendait encore des terres de France, il quittait sa couche et partait aux champs. Il emmenait avec lui une demi-douzaine de porcs dont le produit de l’élevage servait à nourrir sa femme et lui-même. Ainsi vivaient de ce peu de choses mes grands parents maternels : De l’élevage de cochons qui, après le sevrage étaient vendus aux voisins du village. Azinhaga, c’est le nom du village dans la province de Ribatejo. Mes grands-parents s’appelaient Jerónimo Melrinho et Josefa Caixinha. Ils étaient analphabètes l’un et l’autre. L’hiver, quand le froid de la nuit était si intense que l’eau gelait dans les jarres, ils allaient chercher les cochonnets les plus faibles et les mettaient dans leur lit. Sous les couvertures grossières, la chaleur des humains protégeait les animaux du gel et les enlevait à une mort assurée. Ils étaient de bonnes personnes mais leur action, en cette occasion, n’était pas dictée par la compassion : sans sentimentalisme ni réthorique, ils agissaient pour maintenir leur gagne-pain avec le comportement naturel de celui qui, pour survivre, n’a pas appris à penser plus loin que l’indispensable. Souvent j’ai aidé mon grand-père dans son travail de berger, je creusais la terre de la ferme, je sciais le bois pour la cheminée, j’ai fait tourner tant de fois la roue qui amenait l’eau du puits communautaire. Eau que bien des fois j’ai transportée sur les épaules en cachette des hommes qui gardaient les surfaces cultivées. Avec ma grand-mère, au crépuscule, je me souviens d’être allé glaner la paille qui servait ensuite de litière au troupeau. Et parfois, après le dîner, lors des nuits chaudes de l’été, mon Grand-Pére disait : » José, aujourd’hui nous allons dormir tous les deux sous le figuier, » Il y avait trois figuiers mais sans doute parce que l’un d’entre eux était plus grand et plus ancien, tout le monde savait dans la maison où était le figuier. Plus ou moins par antonomase, mot érudit dont je n’ai appris la signification que plusieurs années après.
Dans la paix de la nuit, entre les branches des arbres, m’apparaissait une étoile puis lentement, elle se cachait derrière une feuille. Alors, regardant dans une autre direction comme un fleuve qui coule vers la voute concave surgissait l’opale clarté de la voie lactée, le chemin de Santiago comme on l’appelait encore dans le village. Tandis que le sommeil tardait à venir, la nuit se peuplait des histoires que me racontait mon Grand-Père : Légendes, apparitions, étonnements, épisodes bizarres, morts passées, bagarres de pierres et de bâton, mots d’antan ; une infatigable rumeur qui me maintenait éveillé tout en m’étourdissant doucement. Je n’ai jamais pu savoir s’il se taisait en s’apercevant que je m’étais endormi ou s’il continuait à parler afin d’éviter mon éternelle question lors des pauses les plus longues : » Et après ? « . Peut-être répétait-il les histoires pour lui-même afin de ne pas les oublier ou pour les enrichir de péripéties nouvelles. À cette époque, en ce temps de nous tous, faut-il préciser que je voyais mon Grand-Père Jerónimo comme un puits de sciences.
Quand à la première lumière du jour le chant des oiseaux me réveillait, il était déjà parti pour les champs avec ses animaux en prenant soin de me laisser dormir. Alors je me levais, pliais la couverture, et pieds nus (c’est ainsi que je suis allé jusqu’à l’âge de 14 ans), de la paille encore dans mes cheveux, j’allais des parties cultivées à la porcherie près de la maison. Ma Grand-Mère, levée avant mon Grand-Père, posait devant moi un grand bol de café avec des tranches de pain et me demandait si j’avais bien dormi. Si je lui parlais de quelque mauvais rêve lié aux histoires de Grand-Père, elle me rassurait toujours : » Les rêves n’ont pas de consistance. » Et je pensais alors que ma Grand-Mère malgré tout son savoir » n’arrivait pas à la cheville » de mon Grand-Père qui, couché sous le figuier, près de son petit-fils José, était capable de mettre l’Univers en mouvement avec seulement deux mots. Bien plus tard, alors que mon Grand-Père avait quitté ce monde et que j’étais moi-même un homme, j’ai compris que ma Grand-Mère aussi croyait aux rêves. C’est la seule interprétation que je donne à cet instant où elle était assise, une nuit, à la porte de la pauvre maison où elle vivait seule ; elle regardait, au-dessus d’elle, les étoiles grandes et petites et elle a dit : Le monde est si beau, j’ai tant de peine à l’idée de mourir. Elle n’a pas dit qu’elle avait peur de mourir mais qu’elle en avait de la peine. Comme si cette vie dure de travail qui avait été la sienne, en ce moment de presque fin, recevait la grâce d’une suprême salutation, la consolation de la beauté révélée. Elle était assise à la porte d’une maison comme il n’en existe nulle part ailleurs car dans cette maison avaient vécu des gens capables de dormir avec des cochons comme s’il s’agissait de leurs propres enfants. Des gens qui étaient tristes à l’idée de mourir parce que le monde était beau. Des gens comme mon Grand-Père Jerónimo qui, sentant venir sa fin, est allé salué chaque arbre de sa ferme. Un à un, il les a entourés de ses bras en pleurant à l’idée de ne plus les revoir.
Plusieurs années après, alors que j’écrivais pour la première fois à propos de mon Grand-Père Jerónimo et de ma Grand-Mère Josefa, (J’ai oublié de signaler qu’aux dires de ceux qui l’avaient connue jeune fille, elle était d’une rare beauté) j’ai eu conscience du fait que j’étais en train de transformer les personnes communes qu’elles avaient été en personnages littéraires. Que c’était probablement la manière de ne pas les oublier en les décrivant et en faisant leur portrait d’un crayon qui change avec les souvenirs, colorant et illuminant la monotonie d’un quotidien terne et sans horizon comme quelqu’un qui recrée sur la carte instable de la mémoire l’irréalité surnaturelle du pays dans lequel il a décidé de passer sa vie.
Lisons ensuite deux extraits de deux de ses romans.
Extrait d’une des premières pages de L’autre comme moi, 2002
Il alla dans la chambre à coucher, enfila une robe de chambre par-dessus son pyjama pour ne pas prendre froid et revint. Il s’assit sur la chaise, appuya de nouveau sur le bouton de la télécommande et, penché en avant, les coudes sur les genoux, tout yeux, à présent sans rire ni sourire, il repassa l’histoire de la femme jeune et jolie qui voulait triompher dans la vie. Au bout de vingt minutes il la vit entrer dans un hôtel et se diriger vers la réception, il l’entendit décliner son nom, Je m’appelle Inès de Castro, déjà avant il avait remarqué cette intéressante coïncidence historique, il l’entendit déclarer ensuite, J’ai une réservation chez vous, l’employé la regarda de face, la caméra, pas la femme, ou alors la femme qui se trouvait à la place de la caméra. Cette fois-ci Tertuliano Mâximo Afonso ne réussit quasiment pas à saisir la réponse de l’employé, le pouce de la main qui tenait la télécommande se dépêcha d’appuyer sur le bouton pause, mais l’image s’était déjà envolée, il est logique de ne pas gaspiller inutilement de la pellicule pour un acteur qui n’est guère plus qu’un figurant et qui n’apparaît dans l’histoire qu’au bout de vingt minutes. Tertuliano Mâximo Afonso rembobina le film, revit le visage du réceptionniste, la femme jeune et jolie entra une nouvelle fois dans l’hôtel, répéta qu’elle s’appelait Inès de Castro et qu’elle avait une réservation, et maintenant, oui, voici l’image fixe de l’employé qui regarde de face la personne qui le regarde, lui. Tertuliano Mâximo Afonso se leva de sa chaise, s’agenouilla devant le téléviseur, le visage aussi près de l’écran que possible, C’est moi, s’écria-t-il, et de nouveau il sentit les poils de son corps se hérisser, ce qui se passait n’était pas vrai, ne pouvait pas être vrai, n’importe quelle personne équilibrée qui se fût trouvée là l’aurait rassuré, Mais quelle idée, mon cher Tertuliano, je vous en prie, regardez donc, il porte la moustache, alors que vous, vous avez le visage glabre. Les gens équilibrés sont ainsi, ils ont l’habitude de tout simplifier et après, mais toujours trop tard, on les voit s’étonner de l’inépuisable diversité de la vie, ils s’avisent alors que les moustaches et les barbes n’ont pas de volonté propre, qu’elles poussent et prospèrent quand on les y autorise, parfois aussi par pure indolence de la part de celui qui les porte, mais qu’elles disparaissent sans laisser de traces simplement parce que la mode a changé ou parce que la monotonie de la pilosité a rendu celle-ci fâcheuse aux yeux du miroir. N’oublions pas non plus, car tout peut arriver quand il s’agit d’acteurs et d’arts de la scène, qu’il est fort probable que la fine moustache soignée du réceptionniste soit tout bonnement un postiche. Cela s’est déjà vu. Ces considérations qui, vu leur évidence, viendraient tout naturellement à l’esprit de quiconque, Tertuliano Mâximo Afonso aurait pu se les formuler tout seul s’il ne s’était pas tellement attaché à chercher dans le film d’autres situations où apparaîtrait le même acteur secondaire, ou le figurant avec quelques lignes de texte à prononcer, comme il serait plus approprié de le désigner. Jusqu’à la fin du film, l’homme à la moustache, toujours dans son rôle de réceptionniste, se montra encore à cinq reprises, chaque fois pour une brève apparition, bien que dans la dernière il eût à échanger deux phrases avec l’impérieuse Inès de Castro et ensuite, pendant qu’elle s’éloignait en ondulant des hanches, il la regarda avec une expression caricaturalement libidineuse que le réalisateur avait dû juger représenté, le visage souriant des acteurs principaux, un bref résumé de l’intrigue, et aussi, tout en bas, sur une ligne d’informations techniques, en tout petits caractères, la date du film. Il a déjà cinq ans, murmura-t-il, tout en se souvenant que son collègue de Mathématiques lui avait dit la même chose. Déjà cinq ans, répéta-t-il, et soudain le monde fut de nouveau ébranlé, ce n’était pas l’effet de la présence mystérieuse et impalpable qui l’avait réveillé, mais plutôt quelque chose de concret, et pas uniquement de concret, mais aussi de vérifiable. Les mains tremblantes, il ouvrit et referma des tiroirs, il en sortit des enveloppes contenant des négatifs et des copies photographiques, il éparpilla le tout sur sa table et trouva enfin ce qu’il cherchait, un portrait de lui datant d’il y a cinq ans. Il portait la moustache, avait une coupe de cheveux différente et le visage moins plein.
Début de Le Voyage de l’éléphant, 2008
Pour incongru que cela puisse sembler à qui ne serait pas conscient de l’importance des alcôves, qu’elles soient sacralisées, laïques ou illégitimes, pour le bon fonctionnement des administrations publiques, le premier pas de l’extraordinaire voyage d’un éléphant vers l’autriche que nous nous proposons de relater eut lieu dans les appartements royaux de la cour portugaise, plus ou moins à l’heure d’aller au lit. Précisons d’ores et déjà que l’emploi de ces vocables imprécis, plus ou moins, n’est pas l’œuvre d’un simple hasard. Nous nous dispensons ainsi, avec une élégance digne d’être mise en exergue, d’entrer dans des détails de nature physique et physiologique quelque peu sordides et presque toujours ridicules, qui, jetés pêle-mêle sur le papier, offenseraient le catholicisme très strict de dom joâo trois, roi de Portugal et des algarve, et de dona catarina d’autriche, son épouse et future grand-mère de ce dom sebastiâo qui ira combattre à ksar el-kébir et y mourra au premier assaut, ou au second, encore qu’il ne manque pas de gens pour affirmer qu’il décéda de maladie à la veille de la bataille. Le sourcil froncé, voici ce que le roi commença par dire à la reine, J’ai des doutes, madame, À propos de quoi, sire, À propos du cadeau que nous avons donné au cousin maximilien lors de son mariage, il y a quatre ans, ce présent m’a toujours paru indigne de son lignage et de ses mérites, et maintenant que nous l’avons ici tout près, à valladolid, en qualité de régent d’espagne, pour ainsi dire à portée de main, j’aimerais lui offrir quelque chose de plus précieux, quelque chose de spectaculaire, qu’en pensez-vous, madame, Une custode serait d’un bel effet, sire, j’ai observé que peut-être en raison de la vertu conjuguée de sa valeur matérielle et de sa signification spirituelle, une custode est toujours bien accueillie par la personne qui la reçoit, Notre sainte église n’apprécierait pas pareille libéralité, sa mémoire infaillible n’a sûrement pas oublié la sympathie avouée du cousin maximilien pour la réforme des protestants luthériens, luthériens ou calvinistes, je n’ai jamais su au juste, Vade retro, satanas, je n’avais pas pensé à cela, s’exclama la reine en se signant, demain il me faudra aller à confesse dès potron-minet, Pourquoi demain plus particulièrement, madame, puisque vous avez coutume de vous confesser tous les jours, demanda le roi, À cause de l’idée abominable que l’ennemi m’a placée dans les cordes de la voix, figurez-vous que je sens encore ma gorge toute brûlée comme si le souffle de l’enfer l’avait effleurée. Habitué aux exagérations sensorielles de la reine, le roi haussa les épaules et revint à la tâche épineuse qu’était la recherche d’un présent susceptible de faire plaisir à l’archiduc maximilien d’autriche. La reine marmonnait une oraison, elle venait déjà d’en entamer une autre lorsque soudain elle s’interrompit et cria presque, Nous avons salomon, Qui, demanda le roi, perplexe, qui ne comprenait pas cette invocation intempestive du roi de judée, Oui, sire, salomon, l’éléphant, Et pourquoi aurais-je besoin ici de l’éléphant, demanda le roi, avec déjà une pointe d’exaspération, Pour le cadeau, sire, le cadeau de mariage, répondit la reine en se levant, euphorique, tout excitée, Ce n’est pas un cadeau de mariage, Peu importe. Le roi hocha lentement la tête trois fois de suite, fit une pause et effectua encore trois hochements au bout desquels il reconnut, L’idée me semble intéressante, Elle est plus qu’intéressante, elle est bonne, elle est excellente, rétorqua la reine avec un geste d’impatience, quasiment d’insubordination, qu’elle ne fut pas capable de réprimer, cela fait plus de deux ans que cet animal est venu des indes et depuis lors il n’a rien fait d’autre que manger et dormir, sa cuve d’eau est toujours pleine, il a du fourrage à foison, c’est comme si nous nourrissions une bête de somme attachée en permanence à son anneau, sans espoir de rétribution. Ce n’est pas la faute de la pauvre bestiole, ici il n’y a pas de travail pour elle, sauf à l’envoyer dans les chantiers navals du tage coltiner des planches, mais le pauvre souffrirait car sa spécialité professionnelle ce sont les troncs, mieux adaptés à sa trompe à cause de leur courbure, Alors qu’il aille donc à vienne, Et comment ira-t-il, demanda le roi, Ah, cela ne nous regarde pas, si le cousin maximilien devient son maître, ce sera à lui de trouver une solution, j’imagine qu’il est toujours à valladolid, Je n’ai pas reçu de nouvelles disant autre chose, Bien entendu, salomon devra aller à pattes à valladolid, c’est un bon marcheur, Et à vienne aussi, il n’y a pas d’autre moyen, Une longue trotte, dit la reine, Une sacrée trotte, reconnut le roi d’un air grave et il ajouta, Demain j’écrirai au cousin maximilien, s’il accepte il faudra convenir d’une date et vérifier certaines choses, savoir, par exemple, quand il a l’intention de partir pour vienne, de combien de jours salomon aura besoin pour aller de lisbonne à valladolid, après ce ne sera plus notre affaire, nous pourrons nous en laver les mains, Oui, nous nous en laverons les mains, dit la reine, mais au tréfonds de son cœur, là où les contradictions de l’être se livrent bataille, elle ressentit une douleur subite à l’idée de laisser salomon vers des terres aussi lointaines et des gens aussi bizarres.
Tout Saramago est dans les deux textes que j’ai choisis.
Le premier roman raconte l’histoire d’un personnage qui aperçoit dans un film son double parfait à la recherche duquel il va partir. Saramago est un maître de la fable, un enchanteur qui nous invente des histoires extravagantes : la péninsule ibérique qui se détache de l’Europe dans Un radeau de pierre, un ville où plus personne ne meurt dans Les Intermittences de la mort. L’imaginaire permet de creuser le réel, de débusquer les mensonges et faux semblants, les injustices aussi.
Sa narration met tout sur le même plan, récit, dialogues entre personnages et commentaires comme si le roman était une terre fertile faites de diverses plantes. Chaque élément n’est que l’expression d’un tout, la matière du monde; chaque homme est égal en importance aux autres, les paysans comme les rois; chaque acte humain en vaut un autre, les copulations comme les faits des princes. Dans ce sens c’est une écriture communiste d’un écrivain engagé pour plus de démocratie et de lucidité, qui décrypte et déconstruit les mondes tout faits.
Donc pas de transcendance pour cet écrivain matérialiste et athée qui feint de prendre des précautions, au début du Voyage de l’éléphant, pour ne pas choquer le lecteur par des détails physiologiques, si présents dans ses romans : c’est la nature du monde qu’il faut dire. Ce second roman raconte le voyage – de Lisbonne à Vienne – de Salomon le magnifique éléphant d’Asie que le roi Joao III décide d’offrir à l’archiduc Maximilien d’Autriche. Dans plusieurs de ses romans, Saramago brosse des fresques de certaines époques phares de l’histoire du Portugal.
Et quelle ironie, quel plaisir de constamment commenter le récit par des digressions telles que celle-ci : Les gens équilibrés sont ainsi, ils ont l’habitude de tout simplifier et après, mais toujours trop tard, on les voit s’étonner de l’inépuisable diversité de la vie, ils s’avisent alors que les moustaches et les barbes n’ont pas de volonté propre, qu’elles poussent et prospèrent quand on les y autorise, parfois aussi par pure indolence de la part de celui qui les porte, mais qu’elles disparaissent sans laisser de traces simplement parce que la mode a changé ou parce que la monotonie de la pilosité a rendu celle-ci fâcheuse aux yeux du miroir.
Il n’est donc pas étonnant que la proximité complice et amusée, souvent teinte de colère d’ailleurs, avec laquelle l’auteur prend toujours son lecteur par la main ait touché tant de gens non férus de littérature. Ce serrurier devenu Prix Nobel mérite d’être lu et aurait, peut-être, dû avoir une modeste place dans notre Olá Portugal, surtout que ce pays de gauche s’expose dans notre ville de gauche jusqu’au 7 octobre…
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