La candidate PLR Isabelle Weber a la prétention d’accéder au Conseil d’Etat et hier, en présence de ses colistiers MM. Favre et Ribaux, elle a porté des attaques frontales contre l’action de l’actuelle cheffe du Département de l’Education, Monika Maire-Hefti. Si les arguments de Madame Weber étaient solides, on pourrait alors ne pas l’accuser d’avoir du toupet. Or, cette candidate, complètement inconnue dans les Montagnes, veut faire le buzz avec du vent. Les électeurs de gauche, notamment les enseignants, qui voudraient donner une leçon dans les urnes à Mme Maire-Hefti seraient bien inspirés d’écouter très attentivement ce que Madame Weber dit de son programme financier pour l’école.
A cet effet, deux sources d’informations : le résumé de la conférence de presse du mardi 21 mars, parue dans L’Express/L’Impartial
et surtout le débat avec la conseillère d’Etat sur RTN.
Dans sa conférence de presse, elle met le doigt sur un réel problème, les conditions de travail des enseignants qui se dégradent constamment. Quel enseignant ne serait pas d’accord avec ce constat, si fort qu’il a amené une grande grève de plusieurs jours en novembre 2016 ?
Le Conseil d’Etat de gauche, notamment grâce au pouvoir de conviction de Madame Maire-Hefti face à des collègues assez tièdes, a pris des mesures, acceptées par le Parlement en décembre 2016, qui vont légèrement améliorer le travail quotidien des enseignants neuchâtelois : octroi d’une période de décharge pour les maîtres de classes de 3-4-5-6 èmes, décharge pour raison d’âge pour le personnel à temps partiel, octroi d’un échelon supplémentaire pour les jeunes enseignants déjà touchés par les mesures transitoires d’économie de 2015-2016, suppression des épreuves cantonales en 8e et 9e , passage à 23 périodes hebdomadaires dans les lycées pour les nouveaux enseignants, suppression de la cotisation à la caisse de remplacement. Certaines de ces mesures ont engendré des dépenses supplémentaires, certes légères mais incontestables.
Après avoir travaillé sous l’autorité de multiples chef de département radicaux, libéraux ou PLR, après avoir participé à toutes les importantes grèves ou manifestations d’enseignants ou de la fonction publique depuis 1980, j’affirme que jamais ces mesures n’auraient été prises par un gouvernement de droite.
C’est un certain toupet qui pousse Madame Weber à dénoncer un encadrement insuffisant des enseignants, à s’ériger contre la suppression de périodes d’allemand, c’est le toupet qui la voit recourir à l’argument des larmes. En effet, elle sait très bien qu’améliorer ce qu’elle déplore coûte, et même cher. C’est un peu honteux, dix jours avant l’élection, d’oublier ce qu’elle déclarait à RTN dans un débat face à Monika Maire-Hefti, qui l’a révélée dans sa conception de droite.
En effet, si elle est élue, Madame Weber, classée 21e candidate cantonale au Grand Conseil dans l’ordre de préférence de la Chambre neuchâteloise du commerce et de l’industrie, et 8e du district de Neuchâtel, n’augmentera pas d’un sou les moyens du département de l’Education. CNCI d’ailleurs qui illustre dans une image dégoutante que trop dépenser pour l’école, la culture, la santé, le social et la sécurité, c’est jeter de l’argent dans un égoût !
Si vous écoutez le débat à 8 minutes 30, sur le thème des « finances », Madame Weber argumente que le PLR prône une « gestion rigoureuse des finances publiques », ce qui ne « signifie pas le démantèlement ou la diminution des prestations ». On se souvient du même discours hypocrite de Philippe Gnaegi en automne 2010 lors des graves coupes de 5 millions. Il osait dire qu’augmenter la charge horaire de certains enseignants et diminuer le nombre de périodes en demi-groupes n’avait aucune influence sur les prestations des enseignants et la qualité de l’enseignement reçu !
La candidate PLR prétend ensuite mettre en avant les notions de « restructuration » et de « rationalisation » mais pas « de péjoration du travail des enseignants ». Des paroles en l’air pour qui sait ce que veut dire « rationaliser » dans la tête d’un ministre de droite : plus d’élèves par classe, moins de décharges de correction ou de maîtrise de classe, moins d’heures de soutien pour les élèves, moins de culture, de camps de ski, de voyages d’études, moins d’appareils audiovisuels, moins d’informatique, moins de salles rénovées et moins de tous ces éléments « annexes » qui font qu’une école a un esprit.
Ce que Madame Weber propose pour améliorer la situation, en particulier au niveau 3, c’est de « réunir tous les interlocuteurs autour de la table » (les « enseignants, les directeurs d’école, les syndicats, les parents et également des financiers (sic) et voir ce qu’on peut faire ».
Des « financiers ? », lui demande le journaliste. Et elle répond dans une phrase empruntée qu’il vaut la peine d’écouter : « Bien sûr que l’école ne peut pas coûter toujours plus cher, mais on peut faire tout aussi bien sans plus, sans devoir mettre plus d’argent pour l’école, en restructurant, en rationalisant ».
Tout est dit dans cette dernière phrase qui me fâche d’autant plus qu’elle vient d’une candidate qui s’est exprimée publiquement sur mon profil Facebook.
J’avais début mars fait une analyse des enjeux de la future élection au gouvernement et parlé de Madame Weber en ces termes libres: « Le PLR ne part qu’avec trois candidats (les sortants Favre et Ribaux et la nouvelle, Isabelle Weber, totalement inconnue et d’ailleurs sans réaction aucune sur les réseaux sociaux [après la votation sur les hôpitaux]. Cette candidate (a-t-elle quelque chose à dire après le 12 février ?) est trop peu profilée pour faire jeu égal avec Favre et Ribaux et le PLR a avantage à tenir les rênes du Grand Conseil plutôt que de mettre les mains dans le cambouis avec une majorité au Conseil d’Etat.
Elle m’avait alors accusé de lancer des polémiques fragilisant le canton et d’être un destructeur gratuit. Exactement ce qu’elle a fait elle-même hier contre Monika Maire-Hefti !
C’est ce que j’appelle du toupet sans vergogne…
Voilà qui est bien résumé, Daniel ! Il suffit d’ailleurs de consulter les votes de Mme Weber au Grand Conseil pour constater l’hypocrisie de cette dame.
Je ne saurais mieux dire. Et cessons de penser que tous les enseignants sont anti-réformes.
Une enseignante fort bien encadrée ces dernières années par sa direction.