Claudio Abbado pour toujours


La mort de Claudio Abbado, emporté aujourd’hui par un cancer de l’estomac qui le minait depuis 2000, nous touche par-dessus tout. Ce chef aux affinités communistes fut l’un des musiciens les plus humanistes qui généra une admiration quasi mystique de ses auditeurs dans les dernières années de sa vie.

 

 

Claudio Abbado

 

 

Nous avons eu l’occasion de l’entendre diriger ces dernières années l’Orchestre du Festival de Lucerne, moments inoubliables qui culminèrent dans l’interprétation en 2009 de la 3e Symphonie de Mahler dont voici la fin, filmée à Lucerne ce jour d’août 2009.

 

 

 

En 2010, il joua la 9e Symphonie du même compositeur, qui culmine dans un adagio crépusculaire, chant de la mort. Le silence de 2 minutes 05 qu’Abbado exige avant les applaudissements est l’un des moments les plus émouvants de l’histoire de la musique filmée. Le voici en exclusivité, éternellement ressuscité par l’image.

 

 

 

Abbado est un chef majeur pour l’interprétation des oeuvres du début du XXe siècle : Mahler, Ravel, Berg donnèrent lieu à des disques de référence. Tout comme ses symphonies de Mendelssohn et son Simon Boccanegra  de Verdi que Giorgio Strehler avait mis en scène à la Scala. Son disque Ravel/Prokofiev de 1969 avec Martha Argerich est de la musique en fusion, dans tous les sens du terme.

Avec l’Orchestre du Festival de Lucerne qui regroupait pour l’occasion d’immenses musiciens européens (mon copain d’enfance de la rue du Grenier Bruno Schneider au cor, le flûtiste Emmanuel Pahud, la clarinettiste Sabine Meyer, la violoncelliste Natalia Gutman) Abbado faisait de la musique en liberté, affranchie de tout système. Lui qui voulait être appelé Claudio par les musiciens a réussi dans nombre de concerts à faire chanter son orchestre de manière si fine, si pudique, si chambriste, si claire que les silences mêmes qu’il arrivait à ménager dans l’écoute étaient miraculeux. Je ne fus pas un de ses groupies qui lui lancèrent des roses mais je lui reste reconnaissant d’émotions pures que seule la musique peut offrir.

« Voir Abbado, ressentir sa présence. Eprouver une profonde plénitude après avoir assisté à l’un de ses concerts. (…) Son geste si beau, si beau à voir, sa liberté face aux musiciens, le sourire que l’on pouvait deviner sur ses lèvres, ce mélange d’urgence et de sérénité qui caractérisaient son style tenaient d’une expérience unique. » (Julian Sykes, Le Temps, 21 janvier 2014)

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