La Vie d’Adèle de Abdelattif Kechiche, palme d’or à Cannes, s’il n’est un chef-d’oeuvre, est en tous cas un film sur la radicalité du désir. Ce qui nécessite une radicalité de la mise en scène. Ce qu’elle est, sur quatre plans.
Radicalité narrative qui procède par blocs temporels avec des ellipses. On passe d’un moment à l’autre sans transitions. Le désir se moque de la fluidité et n’existe que par bourrasques.
Radicalité des plans, avec des visages et des corps filmés à fleur de peau. On laisse à l’arrière-plan le décor social et local car seuls comptent les mouvements des visages, les regards, les mines, les larmes et les sourires.
Radicalité des scènes érotiques avec des actrices filmées comme jamais, au bout de ce qu’elles peuvent offrir de leur corps à un cinéaste jamais voyeur.
Et radicalité de la la critique sociale : amis, familles, collègues de travail, artistes et intellectuels sont renvoyés à leurs stéréotypes, car seul, dans ce film, le désir d’Adèle brûle.
C’est bien sûr à voir absolument : les trois heures sont exigeantes et ne nous laissent pas intact du jeu d’Adèle Exarchopoulos.