Ma ville, La Chaux-de-Fonds, porte un nom féminin. Pourtant, à la veille du 14 juin 2020, force est de déplorer que le nombre de conseillères générales soit si faible et que les cheffes de service soient moins nombreuses qu’il y a 15 ans.
Force est de craindre que l’exécutif chaux-de-fonnier soit exclusivement masculin après les élections communales du 25 octobre.
Paradoxe déchirant pour une ville de gauche où pourraient même sièger quatre élus masculins de gauche avec la débacle de l’UDC et le retrait de Marc Arlettaz !
Examinons la présence des femmes au Conseil général, dans l’administration communale et au Conseil communal.
A. Conseil général
Les femmes sont très faiblement représentées à droite et chez les Verts : 3 sièges sur 23 !
C’est meilleur chez les socialistes et au POP où la parité des éluEs fait plaisir.
Une arrivée massive de femmes chez les Verts, au PDC et chez les Verts libéraux est à souhaiter. Quant au PLR, au fond du trou, les femmes PLR ne peuvent compter que faiblement sur l’électorat de leur parti. Au début de la législature 2016-2020, les 10 sièges étaient occupés par des hommes, dont le mari de la conseillère communale, Dieu sait pourquoi !
B. Administration communale
Aujourd’hui seules 7 femmes occupent la trentaine de postes de chefFEs de service, soit beaucoup moins qu’il y a une quinzaine d’années. Ainsi, le dicastère du popiste Théo Bregnard compte 10 hommes sur 11 (en bleu). Merci à Sylvie Béguelin d’être la sage gardienne de cette belle équipe masculine. Plusieurs services qui avaient des femmes à leur tête ont disparu. Une profonde réflexion sera à mener sur cette disparité par le nouvel exécutif, surtout quand des postes seront vacants (retraites ou départs).
C. Conseil communal
De 1995 à ce jour, seules 7 femmes ont occupé le poste de conseillère communale dont 5 pas plus de 5 ans ! La doyenne de longévité est la popiste Claudine Stähli-Wolf (10 ans). Deux des trois élues de droite sont arrivées au Conseil communal à la suite des démissions de leurs colistiers : Josette Frésard pour Michel Barben et Sylvia Morel pour Pierre-André Monnard.
Une hypothèse n’est absolument pas à exclure après les élections du 25 octobre : qu’il n’y ait plus aucune femme au Conseil communal !
Au parti socialiste, les deux éluEs actuelLEs (Katia Babey et Théo Huguenin-Elie) devraient se représenter mais le PS n’est pas sûr de terminer premier de tous les partis en nombre de suffrages. C’est la seule condition pour garder ses deux sièges, à condition qu’il fasse au moins le double de suffrages du parti qui n’aurait pas droit à un siège. C’est ce qui s’est passé en 2016 où les Verts ont fait un mauvais score et ont perdu le siège de Nathalie Schallenberger qui ne se représentait pas.
Chez les Verts, justement, deux hommes se profilent car l’expérimentée Monique Erard ne semble pas être intéressée par la charge : l’ancien directeur du lycée et président des Verts neuchâtelois, Patrick Herrmann, et un nouveau venu, Laurent Stehlin, l’ancien hockeyeur, actuellement cadre dans l’industrie. La docteure en droit, avocate et professeure à l’Université de Neuchâtel, Nathalie Tissot, serait en liste pour le Conseil général. Et pour le Conseil communal ?
Au POP, la voie est libre pour Théo Bregnard, qui rempile et est pratiquement sûr de son élection. Ses trois ou quatre co-listiers-ères ne souhaitent pas lui faire de l’ombre. Il n’est cependant pas à exclure que le POP finisse premier, gagnant deux sièges, et que Julien Gressot, par exemple, entre au Conseil communal, auréolé de sa jeunesse. À moins que Marina Schneeberger, une militante féministe et une conseillère générale rigoureuse et modérée dans ses propos, crée la surprise !
Au PLR, après l’assemblée générale saignante du 11 mars à la Maison du Peuple, Sylvia Morel a été écartée au profit des deux hommes qui tentent d’entrer au Conseil communal depuis une dizaine d’années : Xavier Huther, « Monsieur Zoo-Musée » et Jean-Daniel Jeanneret, « Monsieur Unesco ». Ces deux messieurs aux fortes personnalités clivantes, pourraient se voir brûler la politesse par la juriste Crystel Graf, une nouvelle venue de 34 ans qui a cinq mois pour convaincre des électeurs et électrices féministes d’autres partis !
À l’UDC, c’est la débacle avec le départ de Marc Arlettaz qui laisse la section exsangue. Dans le cas où ce parti sauverait par miracle son siège, ce ne serait pas avec une femme car il n’en compte aucune au Conseil général et seulement une dans deux commissions communales.
Au PDC et chez les Verts libéraux, des partis centristes distincts formant néanmoins un groupe commun au Grand Conseil, c’est l’heure de vérité. Avec 11% des suffrages cumulés à La Chaux-de-Fonds lors des élections fédérales d’octobre 2019, ils pourraient, avec une liste commune mettant en avant deux personnalités féminines, empêcher la gauche de gagner quatre sièges et au moins garantir la présence d’une femme au Conseil communal. Ils se profileraient en garants du renouveau, du centrisme, de la modération, de la parité homme-femme et de l’écologie en lien avec l’économie. Exactement l’inverse du PLR depuis quelques années à La Chaux-de-Fonds !
Ces deux personnalités féminines existent : Brigitte Leitenberg (VL) et Anais Girardin (PDC), une jeune juriste jurassienne, députée suppléante dans le Jura, et qui, établie à La Chaux-de-Fonds, pourrait être candidate, selon mes informations ! Vont-elles se lancer ensemble ?
Encore faut-il que la crise du Covid19, le sens du sacerdoce pour le bien public et les défis à relever les motivent. Et que le PDC et les VL unissent leurs forces, aussi dans la perspective de l’élection au Conseil d’État au printemps 2021.
C’est une perspective stimulante.
Avec toute l’amitié que j’ai pour Patrick Herrmann et tout le respect que nous devons à l’ancien voyer-chef, Joseph Mucaria, président du PDC local et candidat potentiel pour le Conseil communal, je trouve que l’avenir de notre ville devrait passer par les nouvelles forces de la jeunesse et des femmes.
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