20 fados de 1958 à 2004
Le Musée d’histoire de La Chaux-de-Fonds accueille du 15 septembre 2017 au 28 janvier 2018 une exposition temporaire prêtée par le Musée du Fado de Lisbonne dans le cadre de Olá Portugal 2017, en collaboration avec les Vivamitiés.
Le choix des vingt fados proposés à l’écoute a été fait de manière subjective ; il essaie cependant d’être représentatif du genre et permet de se plonger dans l’intimité de ce genre musical.
D’abord dans les diverses époques représentées ; ensuite dans la présence indispensable des grandEs interprètes historiques comme de la nouvelle génération dont Ana Moura et Camané ; enfin dans les thèmes évoqués, emplis d’amour triste, de saudade, de vie populaire lisboète et portugaise, de religion et de poésie.
Ces morceaux sont tirés de quatre disques d’une anthologie du fado recommandée par le Musée du Fado de Lisbonne (The best of Fado, um tesoro português, 4 CD, Warner Music, Portugal, 2003-2006).
Chanson no 1
Carlos Ramos, Sempre que Lisboa canta (Chaque fois que Lisbonne chante), 1958
Paroles : Anibal Nazaré ; Musique : Carlos Rocha
Carlos Ramos (1907-1969), Lisboète du quartier d’Alcantara, resta toute sa vie discret et modeste et est l’un des plus aimés de tous les chanteurs de l’histoire du fado.
Dans sa voix, il y tout ce qui caractérise un artiste de classe : expression, chaleur et peut être par-dessus tout ce timbre si personnel, nasal peut-être, mais incontestablement empreint d’un sentiment « fadiste » véridique.
Sempre que Lisboa canta thématise le lien intime entre Lisbonne, le fadiste et le fado.
Lisbonne ville amie
Qui es le berceau qui m’enveloppe,
Apprends-moi une chanson
De ce que tu sais chanter
Une chanson simple
De celles qui ensorcellent
Pour chanter à la fenêtre
Quand passe mon amour
Chaque fois que Lisbonne chante
Je ne sais si elle chante
Je ne sais si elle prie
Sa voix avec émotion
Chante doucement
Sa tristesse
Chaque fois que Lisbonne chante
Sa beauté
Enchante les gens
Car quand Lisbonne chante
Elle chante le fado
Sans aucun doute
Je veux te donner une punition
De t’avoir tant aimé
Je veux que tu chantes avec moi
Les vers du même fado
Je veux que Lisbonne garde
Tant de fados que je chante
Pour me chanter plus tard
Les fados que vous avez appris
Chanson no 2
Fernanda Maria, Saudade vai-te embora (Saudade va-t’en), 1959
Paroles : Julio de Sousa ; Musique : Julio de Sousa
Fernanda Maria, née en 1937, est une chanteuse caractéristique du fado traditionnel avec une voix charismatique et particulière.
Cette chanson fait saisir l’esprit de la « saudade », cette émotion si portugaise et en soi intraduisible. Ce mot portugais, du latin « solitas », exprime une mélancolie empreinte de nostalgie, sans l’aspect maladif.
« Saudade » est généralement considéré comme le mot portugais le plus difficile à traduire.
Je regarde la terre, je regarde le ciel
Et tout ce qui me parle de toi
De cet amour que j’ai perdu
Quand mon âme s’est perdue
Oui, l’unique vérité
Présente dans notre amour
A une image, la couleur
Si belle et triste de la « saudade »
Saudade, va-t’en
De mon cœur si fatigué
Eloigne de moi bien loin ce fado qui est le mien
Cette passion était écrite dans le vent
La nuit le vent est mon frère
Viens oublier la tempête
Je veux aussi oublier cette saudade
Pauvre de moi qui ne réussis pas
Reviens mon amour parce que c’est la vérité
La douleur s’en va, la joie revient
L’amour s’en va, reste l’amitié
Mais elle ne quitte pas mon cœur
Cette profonde saudade
Pourquoi ne viens-tu pas
T’étirer dans mes bras
Pourquoi ne me possèdes-tu pas
Dans la poussière de tes pas
Chanson no 3
Maria Teresa de Noronha, Pintadinho (Petit Peintre), 1959
Paroles : José Mariano ; Musique : José Mariano
Maria Teresa de Noronha (1918-1993), était la plus grande styliste du fado d’après-guerre. Son timbre de voix n’était pas exceptionnel, et elle se contentait généralement de textes sans grand intérêt. Amália Rodrigues, tout en reconnaissant ses qualités vocales, la trouvait par ailleurs (dans son autobiographie) exagérément bigote : « Elle sentait un peu le bénitier ».
La voix de Maria Teresa de Noronha, d’une souplesse incomparable, atteint avec une extrême facilité les notes aiguës du fado Pintadinho, qu’elle seule interprète avec une telle agilité. Beaucoup de fadistes ont repris cette musique, avec d’autres textes, mais tous marquent un temps d’arrêt avant de se lancer dans l’arpège ascendant qui est la marque de ce fado.
Je vis une fois un clair de lune
A la porte de Santa Cruz
C’était un silence récitant
Des Ave Marias de lumière
Discrète, je me tenais dans l’ombre
Et murmurai : quelle splendeur !
Tu n’es pas que poète
Clair de lune, tu es peintre !
Le temps a passé, j’y suis retournée
C’était la même clarté
Et c’est moi qui ai récité
Des Notre Père de saudade
Chanson no 4
Lucilla do Carmo, Loucura (Folie), 1960
Paroles : Julio de Sousa ; Musique : Julio de Sousa
Lucilia de Carmo (1919-1998) ne fut pas seulement une artiste mais une hôtesse. Elle était l’avant-dernière grande propriétaire d’une maison de fado (la dernière étant Argentina Santos). Dans une ambiance quasi féodale, elle était traitée avec respect par le personnel et accueillait ses hôtes comme une reine, affable, mais lointaine. Quand elle chantait, elle portait son châle d’une façon particulière, les doigts emmêlés en les tordant légèrement, les yeux mi-clos et la voix sobre.
C’est de la folie de te désirer
Je suis sœur du malheur
Tu as raison, ma mère,
C’est de la folie, t’adorer,
Avoir soif de tendresse
Sans même pouvoir pour t’embrasser
Pleurez, pleurez,
Guitares de ma terre
Vos sanglots contiennent
Ma vie amère
Et si c’est de la folie
De t’aimer de cette manière
Que je le veuille ou non
Je ne peux t’aimer en silence
Je serai toujours à toi
Je vais monter et descendre
Les marches de ta rue
Mon adoré, je serai folle
Mais la folie est bien peu
Pour ce que j’ai enduré
Chanson no 5
Carlos Ramos, Canto o fado (Je chante le fado), 1961
Paroles : Joao Nobre ; Musique : Joao Nobre
Dans la voix de Carlos Ramos, il y tout ce qui caractérise un artiste de classe : expression, chaleur et peut être par-dessus tout, ce timbre si personnel, nasal peut-être, mais incontestablement empreint de d’un sentiment « fadiste » véridique.
Ce fado sur le fado explique bien la raison d’être profonde de chanter du fado : exprimer sa tristesse, la saudade !
Il y a pour la souffrance
Un bon remède finalement
C’est chanter et à ce moment
Personne ne se rappelle le mal
Ça ne coûte même rien
Essayez de faire comme moi
Une guitare accordée
Une voix bien timbrée
Et tout est oublié
Quand la tristesse m’envahit
Je chante le fado
Si la saudade me tourmente
Je chante le fado
S’il y a de la jalousie à volonté
Je chante le fado
Pour un espoir perdu
Ne passe pas dans la vie
Pour un moment douloureux
Si par hasard la chance l’a oublié
Tu dois faire comme moi,
Laisse aller, chante le fado
Non que rien ne m’intéresse
Que je ne résiste pas à la douleur
Mais il y a des gens qui semblent
Aimer vivre tristes
Il y a toujours un air fatal
Sans véritable raison
Et dans ce monde finalement
A bien regarder, rien ne vaut
Plus qu’une belle chanson
Chanson no 6
Alfredo Duarte Marceneiro, A Casa da Mariquinhas (La Maison de Marinette) 1961
Paroles : Silva Tovares ; Musique : Alfredo Duarte Marceneiro
Alfredo Duarte Marceneiro (1891-1982) est un des chanteurs qui fondèrent ce genre musical, le fado.
Il inventa le style particulier qui met le fado en scène, ainsi que la tenue noire typique des chanteurs masculins et l’attitude du fadiste qui chante les yeux fermés. Son surnom « marceneiro » (menuisier) lui vient de sa profession originale.
A partir de 1830, les maisons closes se développent mais le nouveau régime libéral souhaite éviter qu’elles attirent l’attention dans l’espace urbain ; il les confine à certains quartiers bien précis et rend obligatoire la pose de jalousies sur leurs fenêtres, afin de préserver leur intimité dérangeante. A Casa de Mariquinhas retrace cette dialectique de l’acceptation et de l’interdit, décrivant l’ambiance liée à la prostitution et au travestissement. Ce thème sera à l’origine d’une longue série de fados qui en font la « saga de Mariquinhas ».
C’est dans une rue bizarre
La maison de Marinette
Dans la salle il y une guitare
Et des jalousies aux fenêtres
Elle vit avec de nombreuses amies
Celle dont je vous parle
Et il n’y pas de meilleure vie
Que celle de ces jeunes filles
Elle adore les chansons
Comme la cigale dans les champs
Si elle chante le fado
Elle peut même pleurer d’émotion
La maison joyeuse où elle habite
C’est dans une rue bizarre
Pour se faire remarquer
Elle porte des choses étranges
Beaucoup de dentelles et de rubans
Des foulards bigarrés
Convoitée et désirée
Hautaine comme une reine
Elle se moque de toutes ces pauvrettes
Qui la critiquent sans pitié
Parce qu’elles voient pleine à craquer
La maison de Marinette
Elle est d’apparence simple
Mais très mal meublée
Et finalement ça ne vaut pas un clou
Tout ce qu’il y a dans la maison
Dans l’embrasure de chaque fenêtre
Sur une colonne un pot de fleurs
Des couvre-lits en coton rayé
Des tableaux d’un genre douteux
A la place d’un piano
Dans la salle il y a une guitare
Pour garder son maigre magot
Elle a acheté un coffre-fort
Et comme le gaz est coupé
Elle s’éclaire au pétrole
Elle nettoie les meubles à l’huile
D’amande douce et les voisines
Passent devant chez elle, ces mesquines
Pour voir ce qui s’y passe
Mais comme elle est taquine
Aux fenêtres elle a mis des jalousies
Chanson no 7
Amália Rodrigues, Povo que lavas no rio (Peuple qui laves dans la rivière), 1962
Paroles : Pedro Homem de Mello ; Musique : Joaquim Campos
Amália Rodrigues, de son nom complet Amália da Piedade Rebordão Rodrigues, née le 23 juillet 1920 à Lisbonne, ville où elle est morte le 8 octobre 1999 est surnommée la « Reine du fado » (Rainha do Fado). C’est la chanteuse qui a le plus popularisé ce chant dans le monde. Elle a enregistré plus de 170 disques au cours de sa vie. Elle a aussi été une grande ambassadrice culturelle du Portugal et sa voix inimitable (une sorte de Callas du fado) lui a valu une réputation internationale.
Elle eut une carrière d’enregistrement et de représentations de quarante ans. Sa notoriété devint internationale durant la période 1950-1970, mais ses liens assez troubles avec le régime du dictateur António de Oliveira Salazar lui valurent un retrait de la scène pendant une dizaine d’années après la révolution des Œillets de 1974.
Mais il faut dire qu’à la fin des années 1930, au contraire, l’Estado Novo impose sa censure aux chanteurs populaires, les fadistes en particulier, qui s’étaient ancrés dans le mouvement ouvrier du port de Lisbonne. En 1939, Amalia Rodrigues faisait ses débuts dans un bar à fado, O Retiro da Severa. Elle devint la voix du Portugal, fut injustement assimilée au salazarisme, qui s’en servit sans l’aimer, « parce que le salazarisme au fond détestait le fado », dit Carlos do Carmo.
Cette chanson tirée du poème de Pedro Homem de Mello est un hommage au peuple portugais, peuple de la ruralité ici.
Peuple qui laves dans la rivière
Qui tailles avec ta hache
Les planches de mon cercueil
Il peut y en avoir qui te défendent
Qui achètent ton sol sacré
Mais ta vie, non
Je suis allé à la table ronde
J’ai bu dans un calice qui me cache
Le baiser de main en main
C’est le vin que tu m’as donné
L’eau pure, fruit de la terre en friche
Mais ta vie, non
Arômes de lumière et de boue
J’ai dormi avec eux dans le lit
J’ai eu la même condition
Peuple, peuple, je t’appartiens
Tu m’as donné des moments d’encensement
Mais ta vie, non
Peuple qui laves dans la rivière
Qui tailles avec ta hache
Les planches de mon cercueil
Il peut y en avoir qui te défendent
Qui achètent ton sol sacré
Mais ta vie, non
Chanson no 8
Argentina Santos, Duas Santas (Deux Saintes), 1963
Paroles : Augusto Martins ; Musique : José Antonio Sabrosa
« Au Parreirinha de Alfama, dans cette maison de fado traditionnelle, comme le Fado Major ou encore le Clube de Fado, ne se produisent que de grands noms du fado. Ces lieux figurent dans les guides touristiques. On y dîne chaque soir en écoutant du fado, à condition d’avoir réservé. Ici, les portes ne sont pas ouvertes sur la rue et c’est plus cher. Argentina Santos, 80 ans, tient sa maison sans faillir. On dit qu’elle est la dernière grande chanteuse de fado encore vivante. Chaque soir, elle arrive vers dix-sept heures dans sa robe de dentelle noire. Elle veille à la bonne marche de sa maison, une dizaine d’employés, qui ne désemplit pas. Nombreux sont ceux qui veulent l’entendre. Mais la dame est capricieuse. Elle ne chante que lorsqu’elle en a envie. Arlindo, un habitant de l’Alfama, m’a confié : » Entendre Argentina chanter, c’est unique « . (Guide du Routard, 2003).
Aujourd’hui, la chanteuse toujours vivante a 93 ans.
Duas Santas est une chanson magnifique, faisant s’entrecroiser les sentiments fadistes et religieux : l’ostensoir du cœur de la mère et le « fadario » (ici le récipient sacré) des pensées du poète.
J’ai vu ma mère prier
Aux pieds de la Vierge Marie
Elle était une sainte écoutant
Ce que l’autre sainte disait
Enveloppant mes rêves
Dans ses bras de temps en temps
Ses yeux sont allés regarder fixement
L’infini des cieux
Pour invoquer Dieu pour moi
J’ai vu ma mère prier
Son cœur était un ostensoir
Où l’amour rayonnait
En proie à l’agonie atroce
Voyant mon triste « fadario »
De ses larmes elle a fait un rosaire
Aux pieds de la Vierge Marie
Et quand un jour pourtant
A ses pieds s’agenouillant
Elle racontait, en pleurant,
L’arrière-goût que la vie a
Je jugeai que ma mère
Etait une sainte qui écoutait
Chanson no 9
Antonio dos Santos, Minha alma de amor sedenta (Mon âme d’amour assoiffée), 1964
Paroles : Antonio dos Santos ; Musique : Antonio dos Santos
Auteur-compositeur-interprète, Antonio dos Santos est né en 1919 et est moins connu que les autres grands chanteurs choisis dans notre sélection. Propriétaire d’un bar à fado, il écrivit les textes et la musique de plusieurs chansons, dont celle-ci, admirable ballade d’amour triste qui vaut son pesant d’or.
Mon âme d’amour assoiffée
Bateau sans direction et sans Dieu
Elle marche à la merci de la tempête
De cette mer de tes yeux
Ce cadeau total
Que tu me demandes heure à heure
C’est ce que mon âme te donne
Quand d’amour je pleure pour toi
Si un jour je te perds
Je jurerai de me tourner vers les cieux
Et les pardons que Dieu me donnera
Mon amour ils seront tous à toi
C’est une cause perdue
Le banni de l’amour aime
Qui perd un amour dans la vie
Ne devrait jamais chanter
Chanson no 10
Maria Teresa de Noronha, Saudade das Saudades (Saudade des Saudades), 1965
Paroles : Antonio de Bragança ; Musique : Antonio Sabrosa
La voix de Maria Teresa de Noronha est d’une souplesse incomparable. Elle était la plus grande styliste du fado d’après-guerre. Son timbre de voix n’était pourtant pas exceptionnel comme celui d’Amália ou de Mariza.
Cette chanson est comme une mise en abyme de la saudade, le thème incontournable de la poétique fadiste, qui mériterait bien une rue chez nous !
Fatigué d’avoir la saudade
J’ai fait tout pour oublier
Et aujourd’hui j’ai la saudade
De ne plus avoir la saudade.
Sans force pour supporter
Ma fatalité
Je me suis agenouillée pour prier
Fatiguée d’avoir la saudade
J’ai demandé à Dieu de me porter chance
Cette vie jusqu’à la mort
Cette saudade de mort
J’ai fait tout pour oublier
C’était ma prière aidée
Par Dieu dans sa bonté
Comme je suis désolée
Et aujourd’hui j’ai la saudade
Puni soit celui qui ne pense pas
Qui ne sait pas ce qu’est souffrir
Ainsi je sens une immense saudade
De ne plus avoir de saudade
Chanson no 11
Amália Rodrigues, Gaivota (Mouette), 1970
Paroles : Alexandre O’Neill ; Musique : Alain Oulman
Une des plus célèbres chansons d’Amália, sur un texte raffiné d’un poète, Alexandre O’Neill.
Amália interpréta beaucoup de textes de poètes et fut aussi l’auteur de certaines de ses chansons les plus célèbres.
La musique de Gaivota est de Alain Oulman qui fut un compositeur au Portugal, puis un éditeur en France.
Né le 15 juin 1928 à Cruz Quebrada -Dafundo près de Lisbonne dans une famille française juive implantée au Portugal, il est décédé le 29 mars 1990 à Paris Son père était industriel et sa mère était fille de l’éditeur Calmann-Lévy. Après avoir suivi des études d’ingénieur chimiste en Suisse, Alain Oulman retourne au Portugal et travaille dans l’entreprise familiale près de Lisbonne. Le soir, il a une deuxième vie très intense, comme homme de théâtre et comme musicien.
Jusqu’en 1966, Alain Oulman fut très impliqué dans la vie artistique de Lisbonne au Portugal. Sa contribution la plus remarquable fut d’avoir écrit la musique pour de nombreux fados chantés par la grande chanteuse Amália Rodrigues. Surtout, il encouragea Amalia à chanter les grands poètes portugais contemporains (David Mourão Ferreira, Alexandre O’Neill ou Manuel Alegre) et classiques (Luís de Camões). Ainsi, il favorisa une évolution de la composante intellectuelle du fado qui s’est poursuivie de nos jours.
Si une mouette était venue
M’apporter le ciel de Lisbonne
Comme je l’avais imaginé
– Ce ciel dans lequel le regard
Est une aile qui ne peut voler,
Qui s’épuise et tombe en mer,
Il battrait mon cœur,
Parfait dans ma poitrine,
Dans tes mains, mon amour
Epousant les contours
Parfait de mon cœur.
Si un navigateur portugais
Vagabond des sept mers
Devait être, qui sait, le premier
A me raconter ce qui s’invente,
Si mon regard de nouveau brillait
Quand nos regards se croisent,
Il battrait mon cœur,
Parfait dans ma poitrine,
Dans tes mains, mon amour
Epousant les contours
Parfait de mon cœur.
Si aux dires des adieux à la vie
Tous les oiseaux du ciel
Me donnaient, congé venu,
De ton regard dernier, ces yeux
Qui seuls sont les tiens,
Amour, toi qui fus le premier,
Il mourrait mon cœur,
Parfait dans ma poitrine,
Dans tes mains, mon amour
Mains où se brise le rythme
Parfait de mon cœur.
Chanson no 12
Carlos de Carmo, Por morrer une Andorinha (Parce qu’une hirondelle meurt), 1980
Paroles : Frederico de Brito ; Musique : Francisco Viana
Fils de la chanteuse de fado Lucília do Carmo et d’Alfredo de Almeida, Carlos do Carmo, né en 1939, fait des études d’hôtellerie en Suisse et commence sa carrière artistique en 1964 bien qu’il ait déjà enregistré un disque à l’âge de neuf ans.
Seul chanteur portugais à avoir reçu un Grammy Award pour l’ensemble de sa carrière, Carlos do Carmo a créé des classiques de la chanson portugaise, et aussi ouvert la voie à la jeune génération de fadistes – Camané, Mariza, Cristina Branco, Ana Moura, Carminho. Il est un exemple pour ces chanteurs nés à la Révolution des Œillets, nourris au petit-lait du fado vadio improvisé dans les bars à la fin des années 1980, et partis à la recherche de nouveaux sons, d’une poésie qui fassent sortir le fado de ses règles sans en perturber les fondamentaux.
« Fadiste de gauche », le chanteur lisboète est né en 1939, à une époque où le fado n’était pas le symbole d’un Portugal rétrograde et conservateur (les opposants au régime salazariste dénonçaient les trois « f », fado, football et Fatima).
Mais il faut dire qu’à la fin des années 1930, au contraire, l’Estado Novo impose sa censure aux chanteurs populaires, les fadistes en particulier, qui s’étaient ancrés dans le mouvement ouvrier du port de Lisbonne. En 1939, Amalia Rodrigues faisait ses débuts dans un bar à fado, O Retiro da Severa. Elle devint la voix du Portugal, fut injustement assimilée au salazarisme, qui s’en servit sans l’aimer, « parce que le salazarisme au fond détestait le fado », dit Carlos do Carmo.
Si tu cesses d’être mienne
Je ne cesse pas d’être qui je suis
Parce qu’une hirondelle meurt
Le printemps ne s’arrête pas
Comme tu le vois, je n’ai pas changé
Ni ne suis malheureux
Je conserve le même présent
Et garde le même passé
J’étais déjà habitué
A ce que tu ne fusses pas sincère
C’est pourquoi je ne continue pas d’attendre
Une illusion que je n’ai jamais eue
Si tu cesses d’être mienne
Je ne cesserai pas d’être qui je suis
Je vis la vie comme avant
Je n’ai ni moins ni plus
Les jours passent, identiques
Comme ceux qui sont passés
Heures minutes instants
Suivent un ordre austère
Personne ne s’agrippe à une chimère
Que le destin suit comme chemin
Parce qu’une hirondelle meurt
Le printemps ne s’arrête pas
Chanson no 13
Maria da Fé, Valeu a Pena (Il a valu la peine), 1988
Paroles : Moniz Pereira ; Musique : Moniz Pereira
Maria da Fé, de son vrai nom Maria da Conceição Costa Gordo, (née à Porto le 25 mai 1945), se met à chanter le fado assez tôt. Déjà à neuf ans elle participe dans sa ville natale à des fêtes et gagne des concours.
Elle sort son premier disque en en 1959 qui la fait connaître dans son pays. Vers 1963-64elle commence ses expériences musicales en créant le pop-fado qui est critiqué par les traditionalistes mais permet de la rendre plus célèbre. En 1967 elle rencontre le succès avec des chansons comme Valeu a pena.
Maria da Fé est une des rares artistes portugaises à amener le fado jusqu’au Brésil se produisant de 1984 à 1987 dans les principales salles de spectacles de Rio de Janeiro et de Sao Paulo. Elle fait également parvenir le fado dans d’autres pays comme les États-Unis, la Belgique et l’Italie.
Ary dos Santos, poète, a dit : « Non par droit mais par talent, Maria da Fé est la vérité du Fado. » « Maria da Fé, où le fado est le plus fado. »
Avec la voix calme
Ils me demandaient d’écouter
Cela a-t-il valu la peine
D’arriver au monde et de naître
Avec loyauté
Je vais vous répondre mais d’abord
J’ai consulté mon traversin
Sur la vérité
J’ai eu pourtant pour rappeler mon passé
de bonnes heures de mon destin
et de moins bonnes aussi
Il a valu la peine
D’avoir vécu ce que j’ai vécu
Il a valu la peine
D’avoir souffert ce que j’ai souffert
Il a valu la peine
D’avoir aimé qui j’ai aimé
D’avoir embrassé qui j’ai embrassé
Il a valu la peine
Il a valu la peine
D’avoir rêvé ce que j’ai rêvé
Il a valu la peine
D’avoir traversé ce que j’ai traversé
Il a valu la peine
De connaître qui j’ai connu
D’avoir ressenti ce que j’ai ressenti
Il a valu la peine
Il a valu la peine
D’avoir chanté ce que j’ai chanté
D’avoir pleuré ce que j’ai pleuré
Il a valu la peine
Il a valu la peine
D’avoir vécu ce que j’ai vécu
Il a valu la peine
D’avoir souffert ce que j’ai souffert
Il a valu la peine
D’avoir aimé qui j’ai aimé
D’avoir embrassé qui j’ai embrassé
Il a valu la peine
Il a valu la peine
D’avoir aimé qui j’ai aimé
D’avoir embrassé qui j’ai embrassé
Il a valu la peine
Chanson no 14
Carlos do Carmo, Fado do Campo grande (Fado de la Grand’Place), 1995
Paroles : José Carlos Ary dos Santos ; Musique : Antonio Vitorino D’Almeida
Seul chanteur portugais à avoir reçu un Grammy Award pour l’ensemble de sa carrière, Carlos do Carmo a créé des classiques de la chanson portugaise, et aussi ouvert la voie à la jeune génération de fadistes – Camané, Mariza, Cristina Branco, Ana Moura, Carminho. Il est un exemple pour ces chanteurs nés à la Révolution des Œillets, nourris au petit-lait du fado vadio improvisé dans les bars à la fin des années 1980, et partis à la recherche de nouveaux sons, d’une poésie qui fassent sortir le fado de ses règles sans en perturber les fondamentaux. Cette chanson montre encore et une fois de plus le lien intime entre le fado, le fadiste et la ville de Lisbonne.
Ma vieille maison,
Même si je souffre et erre,
Est toujours un bol d’air
Balayant une grand’place
Ici dans mon pays
Même si mon absence fait souffrir
Le fait est que je connais mes racines
C’est à Lisbonne
Ma vieille maison
Résiste dans mon corps
Et brûle comme la braise
D’un corps jamais mort
A ma vieille maison
Je reviens à la recherche
Des origines de la tendresse
Où mon être perdure
Amie aimante, amour distante
Lisbonne est proche et jamais lassante
Amour tranquille, amour fervent
Qui fait du temps à peine un instant
Amour douloureux, amour pesant
Et qui me fait mal dans le fado
Amour pesant, amour ressenti
Mais jamais fatigué
L’amour vif est l’amour aimé
Un de mes bras est la tristesse
L’autre la saudade
Et mes mains ouvertes
Sont terreau de liberté
La maison à laquelle j’appartiens
Voyage pour mon enfance
Est l’espace où je suis vainqueur
Est le temps de la distance
Et je reviens dans ma maison
Parce que l’espoir résiste
A tout ce qui broie
Un homme qui sera triste
Lisbonne n’est pas muette
Et quand elle parle
Elle est ma flamme
Mon château, mon Alfama,
Ma patrie, ma couche.
Oh, Lisbonne, comme j’aime
C’est pour toi que je désespère.
Chanson no 15
Amália Rodrigues, Primavera (Printemps), 1997
Paroles : David Mourao Ferreira ; Musique : Pedro Rodrigues
La troisième chanson d’Amália de notre sélection, la plus tragique.
Tout cet amour qui tenait si fort en nous
Et qui dehors paraissait de cire
Se rompait et s’écroulait
Ah ! funeste printemps
Comme je souhaiterais, comme on aimerait
Trouver la mort en ce jour.
Et me voilà condamnée à vivre
Mon deuil, seule avec moi-même
Vivre, et vivre encore
Vivre sans toi – perdu à jamais
Sans pouvoir oublier
Le mauvais sort de ce jour-là
Le pain noir de la solitude
C’est seulement ce qu’on nous donne à manger
Et qu’importe ce que dit le cœur
Si c’est un Oui ou si c’est un Non
S’il faut continuer à vivre
Tout cet amour qui tient si fort en nous
Et qui se brise et qui s’écroule
En telle frayeur s’est changé
Que plus rien ne parle du printemps
Comme je souhaiterais, comme on aimerait
Trouver la mort en ce jour
Chanson no 16
Camané, Mais um Fado no Fado (Un fado de plus dans le fado), 2001
Paroles : Julio de Sousa ; Musique : Carlos de Mala
Camané (né le 20 décembre 1967) sous le nom de Carlos Manuel Moutinho Paiva dos Santos Duarte est un précurseur de la nouvelle génération de chanteurs masculins. Il est, avec Carlos do Carmo, l’un des rares hommes à lutter contre l’aura des héritières d’Amália – il lui doit son surnom princier (camané, le prince). Une place qu’il occupe en chantant un fado sentimental, plutôt féminin.
Ce supporter de Benfica, meurtri par la mauvaise passe du club-emblème de la capitale, avoue une préférence pour les styles les plus anciens. « J’aime beaucoup le fado Mouraria, le fado menor, qui est celui d’où découlent toutes les formes de fado. Ce ne sont pas des mélodies, mais des grilles d’accord sur laquelle on peut broder, réinventer en permanence. J’ai enregistré un fado Mouraria dans chacun de mes deux premiers disques, avec des textes différents, et ils ne se ressemblent pas du tout. Le fado a cette particularité de permettre d’inventer une chanson à l’intérieur d’une autre. C’est la musicalité des mots qui crée la différence. » Et un peu aussi le talent de l’interprète.
Camané a un art épuré de jouer avec le temps à l’intérieur d’une mesure, d’appuyer sur un mot, de traîner sur une syllabe, créant un complexe et fascinant dialogue avec les arabesques de la guitare portugaise, ce descendant du luth arabe transformé par les Anglais.
Je sais que tu m’attends
Comme toujours, comme auparavant
Dans les bras de l’aube
Je sais que pour nous il n’y pas de fin
Nous sommes des amants éternels
Qui n’aimeront rien de plus
Je sais que tu m’aimes
Je sais qu’il y a d’autres amours
Pour broder dans mon cœur
Mais je ne vois personne
Parce que je ne veux pas plus de souffrances
Ni plus de rouge à lèvres dans mon lit
Ni de baisers qui ne sont pas les tiens
Ni de parfums douteux
Ni de caresses gênantes
Ni même d’enfers ni de ciels
Ni de soleil dans les jours pluvieux
Parce que nous sommes encore amants
Mais Dieu veut plus de souffrance
Veut plus de rides sur mon visage
Et sur mon corps plus cabossé
Plus de tourment raffiné
Plus d’usure du temps, plus de dégoût
Et un fado de plus dans le fado
Chanson no 17
Mafalda Arnauth, Bendito fado, Bendita gente (Loué soit le fado, Loués soient les gens), 2003
Paroles : Mafalda Arnauth ; Musique : Luis Oliveira
Mafalda Arnauth, née en 1974 est l’une des voix du fado les plus représentatives de sa génération. Cette amoureuse de ce genre musical, originaire de Lisbonne, bénéficie d’une grande notoriété, non seulement au Portugal mais aussi dans plusieurs pays du monde où les concerts se multiplient. Dotée d’une voix chaude et puissante, elle donne une nouvelle dimension au fado en le libérant de ses sombres notes et en le projetant dans la modernité. Son répertoire est constitué de fados traditionnels et de sensibles et lumineuses compositions personnelles.
Louée soit cette forme de vie
Aussi étrange que cela soit
Il n’y en a pas de plus grande
Loué soit le plateau de paille
Celui des yeux des garçons
Où le fado est folie
Loué soit cette rose enfant
Rose blanche délicate
Ou petite rose des citrons
Loué soit l’enfant de Bica
Je loue l’histoire qui fait
Battre des coeurs
Loué soit le fado
Bien couru ou cadencé
Pleuniché ou bien dandiné
Dans un chant populaire singulier
Loué soit le fado
Loués soient les gens
Dans leur style si différent
Dans une foi qui ne contredit pas
Leur destin qui est de chanter
Loué soit le fado
Loués soient les gens
Louée soit la saudade que je porte
De tant m’accompagner
A travers ma voix
Loué soit l’amour qui marche montré du doigt
Dans une toile de tromperies
Ou heureux, cette eau qui court
Louée soit la rue de mes jalousies
Du silence au désenchantement
Il n’y pas de rue plus bizarre
Louées soient les voix qui chantent
Jusqu’au bout de ce que l’âme leur donne
Car c’est Dieu qui les a faites ainsi
Loué soit la vieille échoppe
D’une vieille Lisbonne
Toujours nouvelle et désinvolte
Louée soit le peuple gitan
Carmencita la belle grâce
Si belle ta foi
Loués soient le présent et le passé
De mains données dans un vers vide
Dans l’attente d’un futur
Je loue ces âmes qui vont
Une vie à la recherche
D’un clair de lune qui vient du ciel
Chanson no 18
Mariza, O Gente da Minha Terra (Les gens de mon pays), 2002
Paroles : Amália Rodrigues ; Musique : Tiago Machado
Née le 16 décembre 1973 au Mozambique, Marisa dos Reis Nunes est d’ascendances portugaise, espagnole, allemande, africaine et indienne. Elle n’a que trois ans lorsque ses parents partent s’installer à Lisbonne pour ouvrir un restaurant dans le quartier où le fado serait né. Avant même d’apprendre à lire, la jeune Mariza commence à accompagner de sa voix les chanteurs de fado qui se produisent dans le restaurant familial. Attirée à l’adolescence par une musique plus moderne, elle s’intéresse au rock, au blues au jazz et à la bossa-nova.
Devenue adulte, elle revient cependant à ses premières amours. Après l’avoir entendue chanter un soir, le musicien et producteur Jorge Fernando la persuade d’enregistrer un album complet. À la mort, en octobre 1999, d’Amália Rodrigues, Mariza apparaît à la télévision portugaise dans une émission spéciale dédiée à la légendaire interprète de fado.
Par ses intonations mélancoliques et sa voix puissante, tout en nuances, elle fait vibrer le public, dont elle s’attire les faveurs. Elle est nommée un an plus tard « Plus belle voix du fado » par Central FM, la radio nationale portugaise, recevant ainsi l’un des plus beaux hommages de la part de son pays.
C’est le mien et c’est le vôtre, ce fado,
Destinée qui nous amarre,
Bien qu’il puisse être refusé
Aux cordes d’une guitare
A chaque fois qu’on entend gémir
Le chant d’une guitare
On se sent perdu aussitôt
Avec une envie de pleurer
O Gens de mon Pays
Maintenant je m’en aperçois
Cette tristesse qui m’envahit
C’est de vous que je la reçois.
Et il semblerait que si je me laissais
Bercer par cette tendresse,
Plus grande en serait l’amertume
Et moins triste, mon chant.
O Gens de mon Pays
Maintenant je m’en aperçois
Cette tristesse qui m’envahit
C’est de vous que je la reçois.
Chanson no 19
Mariza, Ha uma musica do Povo (Il y a une musique du peuple), 2003
Paroles : Fernando Pessoa; Musique : Mario Pacheco
Ce fado est tiré d’un poème de Fernando Pessoa, le grand poète portugais du XXe siècle (1888-1935). Certains vont jusqu’à le classer parmi les plus grands écrivains de tous les temps. Il écrivait en anglais ou en portugais, mais n’a quasiment rien signé de son nom (sauf des articles dans les journaux) et a très peu publié de son vivant.
En portugais « pessoa » signifie « personne ». L’écrivain n’a pratiquement jamais publié sous son nom, mais sous une multitude de pseudonymes qu’il appelait ses « hétéronymes » tant chacun correspondait à une personnalité différente.
« Pessoa, comme d’ailleurs Frantz Kafka, souffre à posteriori d’une réputation d’homme solitaire et triste, voué aux tourments métaphysiques d’une existence placée sous le signe du désespoir. C’est trop vite confondre l’homme et l’œuvre, même si le désir de disparaître la plupart du temps derrière les travestis de ses personnages (Pessoa étant devenu l’un d’eux) est évident. Il fréquente un cercle d’amis dans les cafés, publie des billets et des articulets dans les journaux et les revues lisboètes, se mêle d’édition et rêve d’être le chef de file d’un mouvement d’avant-garde, l’intersectionnisme. » (extrait d’un article de Gérard-Georges Lemaire, Le Magazine littéraire, mars 2000).
Il y a une musique du peuple,
Je ne peux pas dire si c’est un fado…
Ce que j’entends-là a un rythme
Nouveau qui se tient dans l’être
Je l’écoute je sais qui je serais
Si toutefois désirer c’est être.
C’est une simple mélodie
De celles qui nous apprennent à vivre
Et qui tant nous consolent.
Une chanson si vague et si triste
Que mon âme déjà ne pleure plus
Que je n’ai plus de cœur !
Je suis une émotion étrangère,
L’écho d’un rêve qui s’en est allé…
Et qui chante en quelque manière
Pour en finir avec le sentiment !
Chanson no 20
Ana Moura, Son filha das ervas (Je suis fille des herbes), 2004
Paroles : Amália Rodrigues ; Musique : Carlos Gonçalves
Ana Moura est née en 1979 dans la ville historique de Santarem. Imprégnée du fado et de ses traditions, elle a grandi dans une famille où la musique était évaluée à sa juste valeur et aimée. Bien qu’elle ait expérimenté dans l’adolescence la pop et le rock, chantant dans des groupes locaux, l’engagement de Ana Moura pour le fado n’a jamais diminué.
Elle est peut-être la plus pop de toutes les chanteuses de fado et a su s’imposer avec toute sa singularité sur une scène assez conservatrice. Mieux que ça: elle est devenue une référence incontournable d’une scène lusophone en plein renouvellement. Elle a été remarquée bien au-delà de la stricte sphère de la musique portugaise, collaborant avec des monstres du rock international comme les Rolling Stones ou Prince.
La chanson ici choisie est légère et entraînante même si les thèmes de l’amour et la vie qui passent y sont évoqués.
J’apporte le romarin,
J’apporte l’être-aimé
Il sent plus que le jasmin
Le reste que j’apporte
J’apporte des remèdes
Pour le cœur
Faits de tant d’herbes
Que j’ai cueillies sur le sol
Je suis fille des herbes
J’ai grandi sur elles
Les mangeant amères
Toutes que j’ai trouvées
Derrière des fourmis
J’ai passé des heures
Je suis fille des herbes
Et je n’en sais pas plus
Rose défoliée
Qui t’a défoliée ?
C’était l’aube
Qui a passé sur moi
C’était l’aube
Qui a passé vaine
Et m’a laissée défoliée
La belle rose
Branches de saule
Terre s’ouvrant en fleur
L’amour vrai
Est mon amour
Coquelicot qui crie
Dans le blé doré
Jolie fille
Reine des prés
Cette source sur le Fado est des plus intéressante par les notes qu’on y trouve sur les différents interprètes du genre. La traduction française est importante pour bien saisir l’âme portugaise. Intérêt pour le style depuis notre voyage au Portugal et un spectacle avec des interprètes.
Merci beaucoup. Je ne suis qu’un simple particulier et aimerais bien savoir par quel lien vous êtes arrivé sur mon article qui est très lu depuis sa parution il y a quatre ans. Bien cordialement !