Myra Hess (1890-1965) est une pianiste britannique dont le courage artistique fut extraordinaire durant la Seconde Guerre Mondiale.
Pianiste chevronnée en 1939, elle propose au directeur de la National Gallery de l’époque, le grand historien de l’art Kenneth Clark, d’organiser des concerts de midi (lunchtime concerts) dans une salle du musée vidée de ses oeuvres. Depuis le début des hostilités, cinéma, théâtres, salles de concert sont fermés à Londres. Clark, approuvé par le gouvernement, est d’accord avec le projet et le 10 octobre 1939 commence le premier d’une série ininterrompue de concerts : 1698 jusqu’au 10 avril 1946. Myra Hess en jouera 150.
Elle incarne l’un des plus puissants symboles de l’esprit de résistance britannique. Vinrent chaque jour pour s’imprégner de musique classique des Londoniens de toutes catégories. L’art de Myra Hess nous est conservé grâce à quelques disques phares, en particulier des versions olympiennes des sonates op. 109 et 110 de Beethoven. Le 2e Concerto de Brahms avec Bruno Walter et le New York Philharmonic est également impressionnant de profondeur et de musicalité.
En écoute ici, le dernier mouvement avec variations de l’opus 109. Derrière le destin et l’abnégation de Beethoven à creuser dans la musique se lit la mémoire de tous ces concerts d’espoir et de résistance : c’est ainsi qu’on peut écouter cette interprétation habitée.
Mille tableaux 