Deux ans, une éternité


Comme l’a écrit hier mon ami Léo Bysaeth, nous étions les deux, il y a deux ans presque jour pour jour, à l’inauguration du parvis dédié au rabbin Jules Wolff, devant la synagogue de La Chaux-de-Fonds.

Jules Wolff était un progressiste, non sioniste avant la Shoah, qui pensait que les juifs devaient s’intégrer dans les pays où ils vivaient et ne pas potentiellement rêver d’une terre promise en Israël.

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« Deux ans. Une éternité », formule Léo Bysaeth qui fut critique sur l’extrême-gauche suisse après les actes abominables du Hamas.

Le rabbin Michel Margulies, le conseiller communal Théo Huguenin-Elie, le président de la communauté juive Bertrand Leitenberg et l’historien Marc Perrenoud avaient pris la parole sous un soleil radieux pour ce moment inoubliable que je souhaite rappeler par les images ci-dessus. Deux ans. Une éternité.

« Un peu plus de trois mois après cet événement fédérateur, le Hamas commettait un attentat inouï contre des militaires et de nombreux civils israéliens« , écrit Léo.
Deux ans. Une éternité.

La riposte d’Israël, légitime dans un premier temps, s’est transformée, surtout depuis le 17 mars 2025, « en punition collective encore plus inouïe que l’attaque terroriste subie ».

Je m’interroge : accepter une loi du talion sans proportionalité, n’est-ce pas contraire à l’esprit du judaïsme ? Accepter une guerre contre les faits, n’est-ce pas contraire à la rationalité ?

Et aujourd’hui, il y a un conflit, ouvert depuis quelques mois, entre la Ville et une partie de la communauté juive, à travers la plainte individuelle des cinq membres du Conseil communal contre l’élue Vert’libérale Brigitte Leitenberg. Conflit qui fait la une des médias romands. Et conflit dont j’espère qu’il se terminera par une conciliation devant le juge.

Je me demande ce que penserait le rabbin Jules Wolff de tout cela. Deux ans. Une éternité.

« Une blessure inguérissable », pour Léo et moi.

À moins que des voix sionistes modérées comme celle de la rabbine franco-israélienne Delphine Horvilleur arrivent, chez les uns et les autres, à imaginer de nouvelles passerelles. Dans son texte du 7 mai 2025, elle écrit notamment :

C’est donc précisément par amour d’Israël que je parle aujourd’hui. Par la force de ce qui me relie à ce pays qui m’est si proche, et où vivent tant de mes prochains. Par la douleur de le voir s’égarer dans une déroute politique et une faillite morale. Par la tragédie endurée par les Gazaouis, et le traumatisme de toute une région.

Comme beaucoup d’autres Juifs, je veux dire que mon amour de ce pays n’est pas celui d’une promesse messianique, d’un cadastre de propriétaire ou d’une sanctification de la terre. Il est un rêve de survie pour un peuple que personne n’a su ou voulu protéger et il est le refus absolu de l’annihilation d’un autre peuple pour le réaliser. Il est la conviction, déjà énoncée par ses fondateurs, que cet État doit être à la hauteur d’une histoire ancestrale et, selon les termes de sa déclaration d’Indépendance, « tendre la main » à tous les pays voisins et à leurs peuples.

Cet amour d’Israël consiste aujourd’hui à l’appeler à un sursaut de conscience…
Il consiste à soutenir ceux qui savent que la Démocratie est la seule fidélité au projet sioniste.
Soutenir ceux qui refusent toute politique suprémaciste et raciste qui trahit violemment notre Histoire.
Soutenir ceux qui ouvrent leurs yeux et leurs cœurs à la souffrance terrible des enfants de Gaza.
Soutenir ceux qui savent que seuls le retour des otages et la fin des combats sauveront l’âme de cette nation.
Soutenir ceux qui savent que, sans avenir pour le peuple palestinien, il n’y en a aucun pour le peuple israélien.
Soutenir ceux qui savent qu’on n’apaise aucune douleur, et qu’on ne venge aucun mort, en affamant des innocents ou en condamnant des enfants.

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