Fin de mes mandats politiques

Pendant vingt ans, de juin 2004 à avril 2024, j’ai exercé des mandats politiques au niveau local. J’ai représenté le parti socialiste de La Chaux-de-Fonds de 2004 à mai 2016 au Conseil général et ai présidé ce législatif début 2016. De juin 2016 à avril 2024, j’ai fait partie de diverses commissions ; dont celle de la sécurité jusqu’en août 2023 et de la Fondation La Chaux-de-Fonds-Winterthour jusqu’à ce printemps. Il faut savoir s’arrêter, céder la place à d’autres générations, remercier et encourager celles et ceux élu·e·s le 21 avril.

Être au service de sa ville, de son parti et de ses valeurs est exaltant et doit aller de pair avec le consensus démocratique, fleuron de notre démocratie suisse. C’est difficile dans un siècle marqué par de récentes tempêtes multiples, la crise du Covid et le conflit israélo-palestinien notamment. Les petits sacs de certitude ne suffisent pas pour faire avancer une collectivité. Les anathèmes et positions sans nuances oublient le sens de la dialectique, pourtant ferment de la pensée, de gauche notamment.  

En vingt ans, le représentation politique a beaucoup changé au sein du Conseil général. En 2004, le parti socialiste dominait largement la gauche avec 13 sièges, 6 restant aux Verts et 5 aux popistes. Le PLR avait 9 sièges, presque comme aujourd’hui. L’UDC arrivait en force avec 6 élus masculins très violents et 2 femmes qui ne siégèrent que quelques mois. Les partis centristes n’existaient pas.

Le 21 avril 2024, la droite, avec 16 sièges seulement (PLR 8 sièges, UDC 6 et partis centristes 2), a raté son objectif de rééquilibrer l’échiquier politique dominé par une gauche plurielle (PS 10 sièges, POP 8 et Verts 7).

Aucun·e retraité·e ne siégeait contre 6 aujourd’hui ; on comptait 8 enseignant·e·s contre aucun en 2024, sauf deux retraitées ; il n’y avait aucune personne travaillant dans la santé (médecins, infirmiers, physiothérapeutes) contre 12 maintenant.

En 2016, la participation à l’élection au Conseil communal avait grimpé à 38 % (contre 27,5 % le 21 avril 2024) pour faire barrage à un élu UDC à la pensée et au comportement fascisants.

La récente campagne électorale fut la plus curieuse de l’histoire, avec sept partis se faisant des courbettes, évitant les conflits et unis derrière la ville, son équipe de hockey, ses arbres à replanter et sa nouvelle patinoire à construire. Cette absence de débat politique ferme mais courtois a desservi la droite et le centre-droit, pourtant combattant par référendum la nouvelle politique de stationnement votée le 14 novembre 2023.

Grand vainqueur du scrutin, le parti socialiste a su intégrer dans sa liste des personnalités issues de multiples communautés étrangères actives dans la vie associative : communautés sri-lankaise, africaines, portugaise et kosovare. C’est la raison de la formidable élection de Sayanthini Karunakaran, prix Salut l’étranger  2022. Le couple de médecins Amina Chouiter et Karim Djebaïli, d’origine algérienne, est aussi élu. L’avenir de notre ville est dans la multiculturalité intégrée, ciment de la cohésion sociale future.

Comme il est dans sa proximité avec la nature, son refus du paraître et de l’esprit bourgeois. Reste encore à mieux développer la participation citoyenne. 

La vie sociale, les loisirs, les revenus disponibles avantageux (par rapport à toutes les localités suisses romandes situées au bord de lacs), la nature et la chose publique, cinq piliers de vie dans une communauté unique, avec l’avenir devant elle : notre belle ville de La Chaux-de-Fonds.

Dans ce sens, ces paroles de Léon Blum sont encore le ferment de ma fidélité au parti socialiste : « La pensée socialiste se trouve exactement au point d’intersection des courants d’opinion contraires qui traversent la France, et d’ailleurs le monde. La France veut à la fois la démocratie et l’efficacité gouvernementale. Elle veut à la fois l’ordre collectif et la liberté personnelle. Elle veut à la fois l’exactitude administrative et les grands plans innovateurs. Elle veut à la fois la sécurité et la paix. Elle veut à la fois l’indépendance nationale et la supersouveraineté de l’organisation internationale. Or. de toutes ces contradictions apparentes, Ie Parti socialiste lui fournit, non seulement la conciliation, mais la synthèse. » (Léon Blum, cité par Ernest Paul Graber, La Sentinelle, 9 décembre 1946).