Belles zones piétonnes pavées

Lors de récents séjours en Sicile, Campanie, Bavière et dans les Vosges, j’ai apprécié comment des villes ou bourgades européennes pavent leurs zones piétonnes. C’est un bonheur pour les yeux … et les pieds. Art de la composition, variations de teintes, soins de la taille et de la pose, tous ces espaces modernes, dont aucun n’est asphalté, incitent à la flânerie, au repos et … aux achats. Les affaires des commerçants sont florissantes puisque les clients aiment à marcher dans les rues ou places ou simplement les traverser.

Selon le site suisse Architecture sans obstacle, le pavage des zones piétonnes en pierres naturelles doit être adapté à l’importance des surfaces pour les zones piétonnes et, selon la situation, respecter différents niveaux de qualité.

Pour le pavage en pierres naturelles traitées mécaniquement (bouchardées, sablées ou flammées), des mesures spéciales d’amélioration de la planéité sont nécessaires.

Chaque ville ou bourgade visitée avait pas pris un soin particulier à soigner la planéité, par des moyens que j’ignore mais que j’ai appréciés.

Je ne suis ni handicapé avec un fauteuil roulant, ni peu mobile avec un déambulateur, ni grand-père avec une poussette. Simplement un piéton qui ai apprécié dans ces zones piétonnes le confort de la déambulation. C’est-à-dire marcher avec des chausssures légères sans la désagréable impression d’avoir une gêne tactile sous la plante des pieds. Marcher sur une surface plane, belle de surcroît !

Au nord de la Sicile, la petite ville côtière de Capo d’Orlando a interdit les voitures de la gare à la place centrale. Le pavage mêle différentes sortes de pavés en grès, avec des insertions modestes de plaques de marbre. Le bouchardage y a été sophistiqué. Historiquement, cette finition avait un intérêt pratique et non pas uniquement esthétique comme aujourd’hui. Les tailleurs de pierre, notamment sur les chantiers des cathédrales, réalisaient une ciselure pour mettre de niveau une pierre irrégulière; la boucharde, une sorte de marteau, servait ensuite à égaliser le niveau de la pièce.

À Catane, l’immense rue piétonne qui mène à l’opéra de la ville natale de Bellini est une œuvre d’art en soi qui rend bien honneur au baroque et à la sophistication qu’on trouve aussi dans … les pâtisseries et les chapelles d’églises décorées en marqueterie de marbre.

Au sud de Naples, à Salerno, le lungomare est savammment pavé avec des pierres très foncées, planes, et d’autres plus claires qui construisent de beaux motifs circulaires. Par temps de pluie, on n’y glisse pas du tout, l’inverse de zones piétonnes en marbre comme il en existe à Séville sur la plaza Nueva, parfois une vraie patinoire.

La palme de la plus grande zone piétonne récemment arpentée revient à Bayreuth, une cité bavaroise de 75’000 habitants.. Les diverses pierres choisies ne sont pas de pavés en grès et garantissent la confort de la marche et la variété visuelle.

Terminons par la belle réussite de l’ensemble piétonnier à l’ouest de la basilique Saint-Maurice à Épinal. Dans les Vosges où le grès est roi, la municipalité a réussi à aménager un nouvel espace agréable aux pieds et aux yeux.

Actuellement à La Chaux-de-Fonds, un immense tas de sacs de pierres est posé à l’ouest de la place du Marché. Ce sont de pierres en grès de différentes couleurs achetées à l’entreprise Neff de Moutier. Ces pierres de 8x8x10 cm ne sont pas livrées bouchardées sur les quatre côtés. Seule une face de tête est lisse.

Le début du pavage de la place, côté ouest, donne ceci, aujourd’hui dimanche 16 juin 2024. La planéité de ces pavés n’est à mon avis pas suffisante pour garantir une déambulation agréable. C’est mieux qu’avec des voitures autour, un asphaltage qui se délite et des nids de poule. Pourtant, n’y aurait-il pas eu des restrictions budgétaires qui auraient empêché la pose de pavés plus lisses ? Merci aux personnes qui peuvent me renseigner de laisser un commentaire au bas de cet article.

Et la rue du Marché, pavée l’an passé, donne ceci.

À gauche et à droite de la rue, les pavés carrés multicolores apportent une joie visuelle mais aussi une gêne déambulatoire car on s’y tord presque les pieds. La planéité de la surface zone centrale (à gauche sur l’image) offre un meilleur confort.

Je ne sais si les meilleurs choix techniques et budgétaires ont été faits à La Chaux-de-Fonds. Le peu que j’ai expérimenté sur la rue et la place du Marché ne m’enthousiasme pas trop. Je suis heureux que la zone piétonne se construise mais pas emballé par le confort déambulatoire.

Par contre, le pavage réalisé par la Ville sur la terrasse de l’ABC est magnifique. Pavés lisses, à la planéité évidente, dans les gris beige. C’est beau, confortable pour les clients et surtout les personnes du service.

Le 26 juin, la réponse à ma question sur les coûts élevés de pavés confortables a été donnée sur RTN par les représentants de la Ville. : « La Ville a porté son choix sur des pavés de réemploi, pour des raisons de développement durable, mais aussi financières. Le prix d’une offre de matériel neuf demandée en Suisse alémanique était trois fois plus élevé. »