Les deux patinoires de la ville de La Chaux-de-Fonds devraient être reconstruites pour 2029 avec un plan financier qui ressemble à celui du 19 avril 1967 pour le MIH. Dans un article du 19 juillet 2024, je me disais « plutôt favorable à cet énorme – et pas pharaonique – investissement à certaines conditions : de la transparence, des garanties et pourquoi pas une confirmation citoyenne du vote du Conseil général par un vote populaire. » Nous ne voterons sûrement pas à moins d’un référendum, la transparence n’est venue que le jour de la Saint-Valentin 2025 ! Néanmoins, les garanties me paraissent suffisantes (et non exceptionnelles !) pour aller de l’avant.
Le rapport « relatif à l’autorisation d’octroyer un droit de superficie à la Fondation pour la promotion et le développement des sports de glace dans le canton de Neuchâtel permettant la reconstruction des patinoires des Mélèzes et la modernisation des infrastructures techniques de l’entier du site« sera mis au vote du Conseil général le 19 mars 2025.
Sur le plan financier je posais notamment les questions suivantes :
- Quel investissement exact serait entièrement à la charge de la Ville, via la fondation, si la Ville devait investir dans la fondation ? Réponse : la ville n’investira rien au départ mais paiera pendant 30 ans 3,8 millions tout en encaissant des recettes supplémentaires par rapport à aujourd’hui (CHF 750’000.-).
- Quels seront les rapports entre ces deux entités ? Réponse : Un projet de convention est prévu et rendu public
- A quel prix annuel la Ville sera-t-elle locataire et avec quelles obligations pour faire fonctionner la structure ? Réponse : « À la fin des travaux, la Fondation facturera à la Ville un loyer annuel (contrat de bail à loyer d’une durée égale au droit de superficie, 30 ans) couvrant les charges d’intérêts, l’amortissement, les primes d’assurance du bâtiment, les frais de fonctionnement de la Fondation ainsi qu’un montant alimentant un fonds de rénovation. Durant toute la durée du contrat de bail à loyer, la Fondation gérera les travaux de maintien de la valeur de l’immeuble grâce au fonds de rénovation alimenté par le biais du loyer annuel versé par la Ville. La Ville, unique locataire, assurera de son côté les frais d’entretien courants et d’exploitation (contrats d’entretien, achat d’énergie, conciergerie, etc.). La Ville continuera de mettre à disposition l’ensemble des locaux aux différent-e-s utilisateur-trice-s (restaurateur-trice, clubs, écoles, population, etc.) tout en encaissant les loyers et recettes d’entrées à l’infrastructure sportive.«
- Quelle sera l’augmentation des frais de fonctionnement annuels pour la Ville (frais éventuels d’amortissement, personnel en plus, frais de location et/ou de fonctionnement notamment) ? Voir la réponse ci-dessus; de plus, l’augmentation, selon moi modérée, de l’effectif est le suivant : + 1.5 agent-e-s technique; + 0.5 agent-e d’entretien et de maintenance. + 0.4 hôte-sse d’accueil. Cette hausse se traduit par une charge d’exploitation supplémentaire pour la Ville de CHF 200’000.-.
Une petite recherche historique dans les archives de L’Impartial m’a montré qu’il y a 58 ans, une fondation avait été créée avec le Bureau de contrôle des métaux précieux et le Syndicat patronal des producteurs de montres, la Fondation Maurice Favre, qui a mis tout en oeuvre pour bâtir le MIH. La construction a commencé en 1971 et le MIH a été inauguré en 1974. Il fut plus tard remis à la Ville.
En annexe de cet article, au bas de la page, je cite des extraits du mémoire de licence de Théo Bregnard. Les temps ont bien changé puisque le Conseil communal arrive en 2025 devant le Conseil général avec 0 franc de départ avant le vote qui engagera la Ville à payer 3,2 millions annuels pendant 30 ans depuis 2029. Et je soupçonne que les éventuels sponsors qui seront contactés donneront plutôt au HCC qu’à la Fondation, ce qui ne diminuera pas d’un centime le bail. En résumé, il aurait été convenable de la part du HCC d’avoir trouvé avant la présentation du rapport une somme de quelques millions pour alimenter la fondation dès sa création. C’était quand même bien différent pour les crédits d’investissement pour les musées avec leurs sociétés d’amis : en 1990, 1,5 million (dont CHF 500’000 donnés par Ebel) sur 5 millions. En 2010, sur les 4 millions de la rénovation du MH, la société d’amis avait récolté CHF 500’000. Et le Bureau de contrôle des métaux précieux a donne 1 million pour Muzoo qui a coûté 5 millions.
J’écrivais « qu’un élément clé sera la manière que cette nouvelle structure sera en partie autonome énergétiquement pour limiter son empreinte carbone globale« . La réponse fournie dans les pages 24 et 25 du rapport montre que le concept énergétique de Viteos tient la route et est encourageant même si globalement les nouvelles structures nécessiteront plus d’énergie. Ainsi, « la centrale photovoltaïque est conçue dans un esprit de maximisation de la production au regard des investissements consentis. Toutes les surfaces exploitables des toitures, c’est-à-dire les surfaces qui ne sont pas dédiées à des équipements techniques ou nécessaires pour garantir les fonctions d’exploitation et de maintenance du bâtiment, sont utilisées afin de mettre en œuvre des modules standards monocristallin orientés est-ouest. Le choix est porté sur un modèle européen qui permet de donner des garanties de fiabilité et de puissance« .
Quant au nouveau restaurant, je me demandais s’il garderait un ancrage local (accueil, convivialité, type de cuisine, prix abordables). Réponse : « Le restaurant est doté d’une terrasse orientée à l’ouest et d’un kiosque accessible depuis l’extérieur. Il conserve ainsi sa vocation de restaurant populaire, capable de desservir tout au long de l’année les deux infrastructures sportives présentes sur le site ». Le gérant devra payer la location à la Ville et non au HCC. On reste encore sur ce sujet assez dans le flou … et les 2300 pétitionnaires qui voulaient soutenir les actuels gérants ne manqueront pas de faire entendre leurs voix.
En conclusion, après des décennies d’investissements culturels qui ont rénové ou créé des entités (Musée des beaux-arts, Musée d’histoire, toit du MIH et parc des Musées, Muzoo, intérieur et 4e étage de la Bibliothèque de la Ville, Salle de Musique et Théâtre, Anciens Abattoirs, Centre d’archives 2028, Capitale culturelle 2027, et future rénovation du TPR prévue en octobre 2025 dans un rapport au Conseil général), il est temps d’aller dans un grand investissement sportif après la piscine en 2024. Aimer la culture et le sport vont de pair.
Ce sont eux qui font notamment l’attractivité de la ville et qui nous ouvrent au monde et à notre pays par la bonne image qu’ils génèrent du dynamisme de notre collectivité.
Ceux qui les opposent à coup de slogans, d’anathèmes, de prétendus rapports entre les coûts et le nombre de spectateurs desservent la cause qu’ils veulent défendre.
Cependant, comme l’écrit un internaute libéral très respectable sur ArcInfo, le problème de la dette de notre ville reste très préoccupant pour inciter les prêteurs : « Pour faire bonne mesure, la devra encore se porter caution de la modeste somme de 69 millions de francs, pour, nous dit-on, faciliter l’obtention d’un prêt!! Au fait, que vaut un tel cautionnement fourni par une Collectivité criblée de dettes à hauteur de 550 millions de francs ? Je crains que le créancier appelé à octroyer un tel prêt se pose également la question. »
Et un autre internaute de gauche se pose aussi certaines questions : « Espérons que les revenus de la ville s’amélioreront, sinon gare à la hausse de nos impôts (+ 3 à 4 points), ou à des baisses de prestations dans le social, l’éducation, la santé la culture et les projets pour les autres sports (anneau d’athlétisme et stade de La Charrière)« .
Ces diverses tendances politiques (des PLR soucieux de la dette, des popistes craignant des baisses de prestations et des écologistes effrayés par le gigantisme du projet) feraient-elle alliance avec des citoyens effrayés aussi par ce projet qu’ils jugeraient pharaonique pour un sport brutal dans le but de lancer un référendum dès le 19 mars ? Comme à Sierre !
Comme simple citoyen, je n’ai que ce blog pour faire valoir mon point de vue positif. Ainsi que l’assemblée générale du parti socialiste, dont je suis membre, qui je l’espère prendra une position publique avant le 19 mars.
Annexe 1
extrait du mémoire de licence de Théo Bregnard, Le rôle du mécénat horloger dans le développement culturel de La Chaux-de-Fonds (1920-1980). C’est moi qui souligne
En 1967, le président du Musée d’horlogerie, Pierre Imhof, obtient enfin la création de la Fondation Maurice Favre dont le but est précisément « d’ériger […] les bâtiments et installations nécessaires à la mise en valeur et au développement des collections ». Cette dernière, dotée d’un capital initial de Fr. 100’000.-, réunit les représentants de la Commune, du Bureau de contrôle, du Syndicat patronal et du Musée. Le Contrôle s’engage alors à verser une somme d’un million et le Syndicat patronal d’un demi-million.
Fort de ces promesses de dons considérables, le Conseil général accepte, en 1971, à l’unanimité, deux crédits extraordinaires et diverses charges s’y rapportant, pour un montant global de Fr. 5’425’800.-. Séance extraordinaire dont L’Impartial se fait ainsi le porte-parole :
« Jamais […] on n’aura vu un Conseil général aussi unanime dans la satisfaction et même dans la joie. […] Tous les groupes dirent à l’envi que le projet était remarquablement étudié, qu’il coûtait certes cher (en apparence), mais que la Métropole de l’horlogerie devait à soi-même de le réaliser, qu’il y allait non seulement de la foi en l’avenir de cette ville, de l’industrie qu’elle a fait naître, du génie de ses habitants, mais finalement aussi d’un certain prestige, d’une carte de visite la plus digne des dieux et des visiteurs futurs ».
Les deux facteurs fondamentaux et caractéristiques de cette période sont : une contribution importante du secteur privé (en particulier du Contrôle et du Syndicat patronal) et un dévouement sans failles de diverses personnalités pour leur musée – leur ville ? -, tels Maurice Favre ou Pierre Imhof.
Concernant le premier aspect, c’est-à-dire la participation de l’industrie, les comptes de clôture laissent entrevoir une somme d’environ deux millions (estimés initialement à 2.5 millions) sur un total de Fr. 11’828’782.-. (…) Si la contribution du secteur privé semble décisive dans le lancement du projet, la majeure partie des investissements échoit toute de même au secteur public, et plus particulièrement à la Commune. Le Canton et la Confédération participant pour leur part à hauteur de Fr. 2’309’950.-.
L’aboutissement de cette longue épopée marque assurément la fin d’une époque, celle d’une collectivité, portée par le Bureau de contrôle, qui avait les moyens de réaliser des projets ambitieux, de grande envergure – internationale ! -, sans se soucier des lendemains…

